2006
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Marie-Thérèse Bouyssy, « Theresia Cabarrus, de l'instruction des filles et de la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10.3406/ahrf.2006.2911
Thérésia Cabarrus (1773-1835), a suscité un ensemble de textes et d'images propres à rendre inintelligible son rôle, et même ce qu'elle a dit ou signé en nom propre. Épouse d'un marquis d'assez fraîche date et fille d'un banquier espagnol comte de plus fraîche date encore (1789), compagne de Tallien venu contrôler Bordeaux au nom de la politique du Comité de Salut public, puis maîtresse du banquier Ouvrard et merveilleuse en vue avant de finir princesse de Chimay, elle incarne « la femme manquante », celle qui se situe précisément au cœur de configurations de pouvoir. De là à discuter sa production du texte sur l'éducation de l'enfance qu'elle aurait prononcé (ou pas) lors de la fête pour la reprise de Toulon en l'église Notre-Dame de Bordeaux, puis à quasiment ignorer sa pétition de l'an II en faveur de la participation civique des jeunes filles à l'assistance dans les hôpitaux. Les mécanismes de cette historiographie faite de plaidoyers contradictoires et d'occultations diverses méritent constat puis analyse. Rigoristes ou fascinés, tous, universitaires et publicistes laissent tout entrevoir, sauf une autonomie de femme constamment sur la brèche, toujours proche de la banque, socialement adaptée aux jeux de pouvoirs, mais forte de sa liberté d'interprétation quand elle s'implique dans les débats en cours.