2006
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Yan Laborie, « Auberoche : un castrum périgourdin contemporain de l’an Mil », Archéologie du Midi Médiéval, ID : 10.3406/amime.2006.1585
Le castrum déserté d’Auberoche autorise pour le Périgord une approche archéologique de la genèse du château de pierre et de la culture matérielle du peuplement rural médiéval. Les investigations se sont concentrées sur trois secteurs essentiels pour cerner dans sa globalité l’histoire du site: une terrasse d’habitat du quartier bas, un segment de la muraille de l’enceinte supérieure et la construction maîtresse qui la commandait. Malgré leur caractère limité, elles ont révélé les principales phases de l’évolution chrono-topographique de ce castrum d’origine publique, de sa fondation par Frotaire évêque de Périgueux († 991) à sa désertion définitive vers 1450. Trois étapes se distinguent. Vers 980-990, sur l’éperon fortifié d’un fossé, un puissant édifice de pierre, barlong, à la fois défensif et résidentiel, montre l’émergence, à notre sens spontanée, de la tour-maîtresse polyfonctionnelle, par enfermement de l’aula aristocratique dans un volume de plus en plus militarisé et vertical, sous l’effet de la mutation politique et sociale qui génére la puissance châtelaine. Dans la seconde moitié du XIe siècle, une enceinte maçonnée parachève la fortification du castrum, alors que celui-ci, inféodé aux vicomtes de Limoges, fédère un contingent de milites et devient le chef-lieu d’une seigneurie banale. Dans les premières décennies du XIIe siècle, une enceinte basse fixe un habitat subordonné et témoigne de l’impact de cette seigneurie sur le peuplement du terroir. Au terme de l’expansion de son pouvoir, et à la veille d’épouser le destin des places âprement disputées tout au long de la guerre de Cent ans, le château d’Auberoche étendait son ban sur une quinzaine de paroisses.