2000
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Pascal Bertran et al., « Érosion des sols sur des petits bassins-versants du Quercy (Sud de la France) au cours de l'Holocène. », ArchéoSciences, revue d'Archéométrie, ID : 10.3406/arsci.2000.992
L'étude de l'évolution des taux d'érosion sur deux petits bassins-versants du Quercy (sud-ouest de la France) à partir des sédiments piégés dans des dépressions karstiques met en évidence un accroissement considérable de l'érosion au cours de l 'Holocène. Les taux très faibles, largement inférieurs à 0, 1 t.ha- 1 .an- 1 , correspondent à la période couvrant le début de l'Holocène jusqu'au premier Age du Fer. Ils sont d'abord associés à une pédogénèse de type brun faiblement lessivé (brunisol luvique) témoignant d'un milieu forestier, puis au développement d'un horizon Ahs sombrique lié à l'installation d'une prairie au cours de l'Age du Bronze. Des traces d'agriculture sur abattis-brûlis subsistent sous la forme de charbons de bois dispersés dans les colluvions. Ce type de culture ne semble avoir eu qu'un impact relativement faible sur la dynamique de versant. Après le premier Age du Fer, l'érosion croît significativement pour atteindre des taux de l'ordre de 0,15 t.ha-l.an-1 jusqu'à la période médiévale. Ceci s'accompagne d'un changement dans la sédimentation, plus grossière, qui est interprété comme le résultat du labour dans la doline. Dans la mesure où l'introduction de l'araire en Europe est attestée dès la fin du Néolithique, le changement observé ici, mais également de manière synchrone dans d'autres sites du Quercy, dénoterait une mise en valeur délibérée des sols mal drainés dans les dépressions à la fin de l'Age du Fer ou au début de la période gallo-romaine, en raison d'une baisse progressive de la fertilité des sols des plateaux ou suite à un accroissement de la population ou encore à la faveur de l'amélioration du climat du début de notre ère. Un saut dans les taux d'érosion, qui approchent 0,4 t.ha- 1 .an- 1 , se produit ensuite pendant la période médiévale et moderne. Ce saut, qui ne s'accompagne d'aucun changement significatif dans la sédimentation et la pédogénèse, reflète probablement la dégradation climatique du Petit Age Glaciaire.