2016
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James Robson, « Le taoïsme, perdu puis retrouvé / Daoism Lost and Found », ASDIWAL. Revue genevoise d'anthropologie et d'histoire des religions, ID : 10.3406/asdi.2016.1060
Si le taoïsme est une religion bien connue, elle reste souvent mal comprise. Nombre d’idées sur le taoïsme et d’idées taoïstes ont circulé en Occident au xixe et xxe siècles, essentiellement au travers de traductions et d’interprétations de textes considérés comme les textes «sacrés » de cette tradition, comme le Livre de la voie et de la vertu (Daode jing) ou le Livre de Maître Zhuang (Zhuangzi), qui ont généré une immense attraction transculturelle et ont été associés à des penseurs aussi divers que Jean-Jacques Rousseau, Emmanuel Kant, Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson, Aleister Crowley, Martin Buber et Martin Heidegger, et encore des figures littéraires comme Alfred Tennyson et Oscar Wilde. Cet imaginaire occidental du taoïsme a largement influencé notre perception de cette religion jusqu’au milieu du xxe siècle. Il a produit deux taoïsmes, opérant une distinction artificielle entre un taoïsme «pur » (philosophique) et un taoïsme impur (les pratiques religieuses) – un processus similaire à celui qui amena à considérer le bouddhisme comme une philosophie plutôt qu’une religion. Si la recherche moderne a montré qu’une telle division est à la fois fausse et intenable, celle-ci a donné lieu à nombres de confusions quant à la religion chinoise en général et au taoïsme en particulier. Le présent article explore les questions que soulève cette distinction et met en lumière quelques-uns des aspects moins connus de la tradition taoïste et leurs développements historiques, des aspects souvent occultés par un regard biaisé par la lecture de textes comme le Daode jing.