2009
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Ian G. Baird, « From Champasak to Cambodia: Ya Chao Tham (Chao Thammatheva), a Wily and Influential Ethnic Lao Leader », Aséanie, Sciences humaines en Asie du Sud-Est, ID : 10.3406/asean.2009.2081
Des années 1880 à sa mort au début des années 1930, soit pendant presque un demi-siècle, Ya Chao Tham, ou Chao Thammatheva, a marqué profondément le paysage politique de la région frontalière entre le Laos et le Cambodge. Né dans ce qui est maintenant le sud du Laos — fils du neuvième roi du Champasak, Chao Boua, et petit-fils du quatrième roi du Champasak, Chao Nou —, il se rendit en 1880 dans le bassin de la Sésan (dans le nord-est du Cambodge actuel) afin d’y soumettre — grâce dit-on à ses pouvoirs surnaturels — les tribus montagnardes locales et d’y établir la ville de Veun Say au nom du Champasak et de ses mentors siamois. Par la suite, après la conquête de la rive est du Mékong par les Français en 1893, Ya Chao Tham parvint à conserver un pouvoir considérable au sein de l’administration française au Laos et, quand à la fin de 1904 la province de Stung Treng dont dépendait Veun Say fut rattachée au protectorat français du Cambodge, Ya Chao Tham sut s’adapter aux circonstances pour devenir le premier gouverneur de Stung Treng. Si par la suite sa fortune auprès des Français devait connaître des hauts et des bas, il sut néanmoins conserver une influence considérable dans la région jusqu’à sa mort. Fondé sur des documents d’archives et des témoignages oraux, le présent article retrace la vie de Ya Chao Tham en la replaçant dans le contexte politique et socioculturel qui était le sien (notamment celui de l’implantation de populations lao sur les rives de la Sésan) et tente par ailleurs de jeter une lumière sur l’histoire récente de la lignée royale des Sayakouman à laquelle il appartenait.