2013
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Volker Grabowsky et al., « Tai Lue Identities in the Upper Mekong Valley: Glimpses from Mulberry Paper Manuscripts », Aséanie, Sciences humaines en Asie du Sud-Est, ID : 10.3406/asean.2013.2271
Les Tai Lue, ethnie appartenant à la famille linguistique Tai, sont dispersés sur une grande partie du cours supérieur du Mékong et constituent l’ethnie dominante de la préfecture autonome Tai des Sipsong Panna, à l’extrême sud du Yunnan. Pendant des siècles, les Sipsong Panna, avec Chiang Rung (Jihong) comme centre politique, ont constitué une entité semi-autonome placée sous l’autorité d’un «prince » (chao fa) qui reconnaissait la suzeraineté de principe de l’empereur de Chine et, à certaines époques, du souverain birman. Depuis l’intégration des Sipsong Panna dans la république populaire de Chine en 1950, la culture tai lue, profondément inscrite dans la tradition du bouddhisme theravada, a été de plus en plus menacée — voire aveuglément réprimée, comme ce fut le cas dans les années qui ont suivi le «grand bond en avant » (1958) et pendant la «révolution culturelle » (à partir de 1965-1966). Depuis les années 1980, on assiste dans la région à une renaissance des cultures locales avec, entre autres, une renaissance de la tradition tai lue de confection de manuscrits. En nous appuyant sur les colophons, préfaces, commentaires et autres «paratextes » figurant dans les manuscrits tai lue sur papier de mûrier, nous nous proposons d’étudier dans cet article comment les copistes locaux ont mis en forme les savoirs traditionnels et quels critères ont présidé à l’élaboration de leurs manuscrits. Nous nous pencherons aussi sur la question de la provenance de certains des textes qu’ils contiennent : manuscrits antérieurs plus élaborés, sources imprimées ou tradition orale. Enfin, pour mieux comprendre la fonction sociale de ces manuscrits dans le processus de renaissance ethno-culturelle en cours, nous étudierons les réseaux d’auteurs, copistes, commanditaires et collectionneurs de manuscrits.