1994
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Etienne Josien et al., « Impact de l'environnement agricole sur une tourbière de maar ; conséquences pour sa protection (Impact of agricultural surroundings on a maar peat bog ; consequences for its conservation) », Bulletin de l'Association de Géographes Français, ID : 10.3406/bagf.1994.1753
Parmi les tourbières de maar du Velay, seul le Marais de Limagne a, pour des raisons d'ordre historique (conflits entre les deux communes propriétaires), été préservé des profondes détériorations qui ont affecté les sites comparables (exploitation de la tourbe, drainage et « mise en valeur agricole », rejet d'eaux usées...). Sous arrêté de protection de biotope depuis 1987, en raison notamment de sa richesse floristique (7 espèces protégées par le décret de janvier 1982), il fait l'objet d'observations régulières. L'apparition ou l'extension, en quelques années, dans le bas-marais, d'espèces indicatrices d'enrichissement en minéraux, a conduit à une étude de l'impact de l'activité agricole du bassin versant sur la zone humide. En 1991, année de sécheresse, les eaux du marais présentent un gradient de concentration en nitrates décroissant de la périphérie vers le centre, les eaux de la ceinture externe étant, en outre, plus riches face aux zones cultivées ou pâturées que face aux zones boisées. Dans les sols des flancs du maar, on n'enregistre aucune trace d'accumulation. En 1992, année pluvieuse, le gradient de concentration se retrouve à la fois pour les nitrates (avec des teneurs plus élevées qu'en 1991) et pour le phosphore. Dans le même temps, les sols agricoles révèlent une teneur en nitrates plus importante en profondeur qu'en surface d'une part, en bas de pente d'autre part. Dans le même temps, l'analyse d'un maximum de données sur l'agro-écosystème maar a été entreprise. Elle montre que le lessivage et le ruissellement sont potentiellement importants. De plus, les systèmes de cultures génèrent un certain nombre de risques : prairies temporaires de courte durée, niveau de fertilisation modeste mais souvent supérieur aux exportations. Ainsi, le Marais de Limagne est dans une situation à risques, au moins en année très humide. Une solution, respectant les activités agricoles (dans un département menacé de désertification) et limitant de manière sensible les intrants dans la zone humide, consisterait en une transformation des parcelles ceinturant le marais en prairies permanentes fauchées. La D.D.A.F. a retenu ce site pour la mise en oeuvre des mesures agrienvironnementales de la C.E.E. Mais la solution proposée pourrait se heurter à deux obstacles : absence d'intérêt des agriculteurs pour la tourbière ; rivalité latente entre les deux communes sur lesquelles se trouve le marais.