1994
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Jean Guichard et al., « Habitus culturels des adolescents et schémas représentatifs des professions. », L'Orientation scolaire et professionnelle (documents), ID : 10.3406/binop.1994.1505
Des adolescents dont les habitus culturels diffèrent se représentent-ils les professions d’une manière analogue ou différente ? Une enquête réalisée auprès de 573 jeunes fréquentant 6 voies de formation (première A2, F2, F8, S, B.E.P. CAS. et apprentis mécaniciens auto) met en évidence des différences quant à la politique d’évaluation des professions en fonction de l’habitus culturel. D’une manière générale, ceux qui ont des pratiques «socialement distinctives» ont des visions plus discriminantes des professions. Ils perçoivent aussi les professions prestigieuses et intermédiaires avec plus de nuances que ceux dont les goûts sont «populaires». Ces différences de vision des professions selon l’habitus sont cependant moindres que celles qui s’observent d’une filière de formation à une autre : l’expérience scolaire présente joue un rôle important dans la mise en forme des représentations professionnelles. On peut cependant repérer, dans une filière donnée, les points de vue de certaines populations qui y sont minoritaires. Ces visions spécifiques des fonctions professionnelles peuvent être comprises comme une manière d’interpréter l’expérience scolaire présente à la lumière d’une trajectoire personnelle socialement inhabituelle. Ces observations sont compatibles avec l’hypothèse suivante : la conversion d’un habitus primaire populaire en un habitus plus distingué (que produit la scolarisation de jeunes gens d’origine modeste dans une filière scolaire valorisée) pourrait prendre différentes formes (hédoniste, ascétique, etc.). Chacune de ces formes conduirait les lycéens vivant une certaine «ascension sociale» (liée notamment aux particularités de la filière où ils se trouvent) à combiner d’une manière définie des schèmes issus des manières populaires de considérer les professions avec d’autres correspondant à une vision distinctive de ces dernières. Aucune des différences constatées n’exprime cependant une vision radicalement hétérodoxe des professions.