1979
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Jean-Claude Arnaud et al., « Les forêts de Côte-d'Ivoire : une richesse naturelle en voie de disparition », Les Cahiers d'Outre-Mer, ID : 10.3406/caoum.1979.2908
Malgré l'utilisation traditionnelle du terme de «savane» pour désigner une partie de son territoire, la Côte-d'Ivoire est avant tout un pays boisé ; les paysages végétaux des régions du nord constitués presque uniquement de formations arborées (denses, claires) ou arbustives s'ajoutant aux forêts ombrophiles et mésophiles de la partie sud, lui confèrent une incontestable dominante forestière. Depuis des décennies, le bois est (avec le café et le cacao) l'un des piliers essentiels de l'économie nationale : par l'apport de devises que procurent son exportation, par son pouvoir industrialisant et par son rôle dans la politique d'aménagement du territoire, le bois contribue largement à expliquer les bons résultats de l'économie ivoirienne. Mais d'importantes modifications sont en train de se produire : l'exploitation intensive de la forêt et la faim de terres cultivables, en accroissement constant depuis dix ans, consomment 450 à 500 000 ha par an de surfaces boisées. Il ne reste plus que 3 à 4 millions d'ha de forêts exploitables, l'essentiel étant situé dans l'ouest et le sud-ouest ; le nouveau port de San Pedro évacue une part de plus en plus importante de bois destiné à l'exportation. Les dernières réserves entamées, la forêt ivoirienne est menacée de disparition, les reboisements sont inadaptés aux besoins et ont accumulé un énorme retard. Les partenaires commerciaux de la Côte d'Ivoire (principalement l'Europe des 9) se tournent désormais vers d'autres pays forestiers d'Afrique et d'Asie du Sud-Est. L'ultime chance de la Côte-d'Ivoire, qui en l'occurence récolte les fruits d'une gestion catastrophique de ses ressources naturelles, réside dans la promotion d'essences jusqu'alors négligées sur le marché international.