Vivendi - Bertelsmann : logique financière ou logique de métiers ?

Résumé Fr

Deux groupes européens, Vivendi et Bertelsmann, figurent désormais parmi les premiers dans le classement des géants de la communication1. Leur ascension symbolise assez bien quelques-uns des phénomènes qui ont dominé le tournant des années 2000 : course à la taille, internationalisation, domination des logiques financières et boursières. Vivendi et Bertelsmann, les similitudes ne manquent pas si l'on observe la course en tête dans la télévision européenne, les acquisitions géantes sur le sol américain, les positions acquises dans la musique, les initiatives prises sur le Net, etc., sans oublier la chronique « people » dans laquelle figurent, de plus en plus, leurs dirigeants, Jean-Marie Messier et Thomas Middelhoff. Mais il faut se méfier des apparences, des rapprochements trop conjoncturels, car des mondes séparent les deux entreprises, par leur histoire, leurs secteurs d'origine, leurs cultures ou leur familiarité avec l'information, la culture et la communication. Cet article tente de restituer l'histoire récente des deux groupes, de l'éclairer par une sociologie des équipes et des métiers qui les constituent. Ce sera l'occasion de faire la part des choses entre les discours visant à promouvoir les stratégies et la réalité des positions acquises. Enfin de tirer quelques leçons au regard d'une décennie de transformations substantielles du secteur des médias.