1980
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Claude Géri et al., « Chapitre VII. Sur quelques caractères de la faune des milieux niolins », Ecologia Mediterranea, ID : 10.3406/ecmed.1980.971
Un certain nombre d’enquêtes et d’observations faites par différents auteurs (J. Frochot, P.R. Carie, G. Dusaussoy et C. Géri) sont rapportées dans ce chapitre ainsi que les travaux réalisés par J. Bonfils sur les Orthoptères de cette vallée. Les résultats obtenus montrent comment les populations animales dépendent de la composition et de la structure végétale de la vallée et peuvent être profondément modifiées par les transformations qu’elles subissent en fonction des activités humaines. La faune actuelle des oiseaux du Niolu présente un caractère d’insularité marqué. Elle est fortement influencée par la situation élevée de la vallée et conditionnée par l’action de l’homme. Le peuplement d’oiseaux est relativement banal et pauvre dans les anciennes terres agricoles. La châtaigneraie est au contraire caractérisée par une grande richesse spécifique et une très forte densité. L’avifaune des pinèdes est moins riche. De nombreuses espèces sont communes aux deux milieux. Les insectes xylophages, dans le Niolu, comme dans la plupart des autres forêts d’altitude de la Corse, ne provoquent pas malgré des niveaux de populations élevés, de dégâts graves dans le contexte actuel de la gestion sylvicole de ces milieux. Les espèces les plus importantes sont Ips sexdentatus ainsi que Blastophagus piniperda et B. minor. Leur intervention est liée aux défauts d’entretien et d’exploitation de la forêt. Leur rôle, limité dans les futaies de la forêt domaniale, peut être important dans le processus de reforestation naturelle des jachères et pâtures. Du point de vue de la faune des Orthoptères, le bassin du Niolu ne présente pas de grandes différences par rapport aux autres régions montagneuses de la Corse. L’importance numérique et la diversité des espèces est très réduite au-dessus de 1 000 m. La rive gauche du Golo, dénudée et ensoleillée, est la plus abondamment et la plus diversement peuplée. Les espèces arboricoles sont limitées aux peuplements de feuillus et la pinède comprend essentiellement des formes inféodées aux litières. La diversité spécifique maximum est observée sur les formations arbustives des étages méditerranéen supérieur et supra-méditerranéen mais les Orthoptères sont également très variés et abondants dans les pelouses herbeuses. Autrefois, la Niolu subissait épisodiquement de fortes pullulations acridiennes, dues à Dociostaurus marocanus (Criquet marocain) et à Calliptamus italicus (Criquet italien), dont le facteur biocoenotique favorisant était la forte pression des activités agro-pastorales sur le saltus de pente. La régression des cultures a favorisé la multiplication des sauteriaux surtout durant les périodes de surpâturage dues à l’accroissement des troupeaux ovins-caprins. La régression du cheptel et l’emprise actuelle de la forêt colonisante, se traduident par une transformation du milieu favorable à l’extinction des sauteriaux, et par des modifications qualitatives des faunes considérés. Pour le Bombyx-cul-brun, Euproctis chrysorrhea, dont les chenilles causaient autrefois avec une périodicité de 8-10 ans des défoliaisons extrêmement graves sur les châtaigniers du Niolu, les observations effectuées montrent une ralative stabilité des populations dans la vallée et l’absence de pullulations depuis 1965, elles mettent en évidence l’importance de l’Épine-Vinette de l’Etna, plante endémique fréquente autour des bergeries comme hôte de cet insecte. Cette modification du développement des populations du Bombyx est peut-être également liée aux modifications du milieu niolin (raréfaction des troupeaux, vieillissement et manque d’entretien de la châtaigneraie).