1975
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Amédée Mollard et al., « La politique de l'Etat et l'évolution de l'agriculture française : éléments d'interprétation économique », Économie rurale, ID : 10.3406/ecoru.1975.2384
L'évolution de l'agriculture dans les formations sociales capitalistes (et notamment française) est tributaire de sa fonction : fournir un surtravail - le surplus paysan - pour les intérêts capitalistes industriels et financiers. Cette contribution de l'agriculture à une accumulation de capital rapide dans les différentes branches de l'économie provoque une réallocation des forces productives agricoles vers les autres activités économiques : ce processus est celui de la régression de l'agriculture. La politique de l'Etat sous ses différents aspects, contribue à la création d'un surplus paysan croissant, dont bénéficient en premier lieu les industries agricoles et alimentaires à travers les marchés agricoles. Souhaitant accorder à celles-ci un rôle important dans l'évolution de l'agriculture, les pouvoirs publics ont progressivement accru leurs aides au secteur alimentaire dans l'espoir de limiter le volume des aides accordées à l'agriculture elle-même. L'internationalisation de l'industrie alimentaire entraîne peu à peu celle de l'ensemble du complexe agro-alimentaire, et fait passer le processus de régression de l'agriculture à un stade supérieur. L'Etat ne peut plus s'opposer à cette évolution parce que, même en déléguant une part de ses prérogatives au niveau européen, les moyens de régulation de l'évolution du complexe agro-alimentaire lui échappent. Chargé, de par ses fonctions, de veiller à la cohérence de la formation sociale, il est obligé de prendre en charge les coûts sociaux croissants de la régression de l'agriculture : ne pouvant freiner le rythme de ce processus, il ne peut réduire ses dépenses sociales. Dans ces conditions, l'avenir de l'agriculture restera commandé par un processus de régression vigoureux.