1999
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Dominique Baqué, « Dionysos à l’œuvre », Figures de l'Art. Revue d'études esthétiques (documents), ID : 10.3406/fdart.1999.1218
À partir d’un dualisme qui opposerait l’image érotique à l’image pornographique comme l’oblique à l’obvie, le high au low, ou encore l’univoque à l’ambigu et à l’équivoque, on s’est ici essayé à penser la photographie érotique comme le lieu d’une fracture, d’une déchirure. Mobilisant les catégories nietzschéennes de l’apollinien et du dionysiaque, on a ainsi fait l’hypothèse que la tension érotique au cœur de l’image serait produite par le vacillement de la belle forme apollinienne et l’intrusion du dionysiaque. La photographie érotique délimiterait ainsi un territoire précaire entre les images purement apolliniennes (Robert Mapplethorpe, Helmut Newton) et les images purement dionysiaques devant lesquelles le langage tend à se défaire (la photographie dite du Supplice des cent morceaux qui hanta Georges Bataille). D’où un travail sur les figures de 1’ androgyne, du travesti, du corps sadisé ou encore du corps informe. Mais, l’opposition de l’érotisme et de la pornographie s’ avérant par trop convenue, on a choisi, dans un second temps de l’analyse, de déconstruire l’opposition du high et du low pour penser la possible contamination, par la pornographie, de l’érotisme. L’œuvre de Nobuyoshi Araki, et notamment Erotos, pourrait alors se lire comme l’équivalent visuel d’ Histoire de l’œil de Bataille. C’est dès lors à une radicale et perverse érotisation du monde et de l’expérience que l’on assisterait.