2011
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Manuela Diliberto, « La restauration des frontons éginètes. Restauration thorvaldsenienne ou restauration néoclassique ? », Histoire de l'art, ID : 10.3406/hista.2011.3356
Les sculptures tympanales du temple d’Athéna Aphaia conservées à la Glyptothèque de Munich en Bavière, sont un des joyaux de l’Archaïsme grec. L’histoire de leur mise au jour, en 1811 dans l’île d’Egine, inaugure un chapitre important de l’histoire de l’archéologie classique, et ouvre la voie à toute une série de fouilles et de découvertes qui marquèrent le siècle. L’histoire de la récupération des statues, passées à la postérité sous le nom d’Éginètes, et de leur restauration, n’a pas suscité le même intérêt que celle des marbres du Parthénon. Pourtant, nous touchons là les termes d’un débat important sur l’attitude à adopter face aux œuvres d’art antiques. A l’audace de Ludwig, prince héritier d’un royaume fraichement créé par Bonaparte (la Bavière) et soucieux de légitimité, acquéreur des Éginètes qui imposa ses choix pour la restauration, s’oppose l’attitude d’Antonio Canova qui, dans les mêmes années, refusa de toucher aux marbres de Phidias dont la grâce et la perfection, inimitables, faisaient défaut aux Éginètes. La restauration de ceux-ci, qualifiée hâtivement d’académique, donna lieu à des interprétations souvent erronées et imprécises. Les événements qui ponctuèrent une telle restauration sont au contraire le reflet d’une époque où la démarche archéologique naissante se heurtait encore à une manipulation quasi-idéologique d’un passé fondateur retrouvé. Par conséquent, cette restauration n’a pas été l’œuvre d’un artiste académique (Thorvaldsen), comme on le lit trop souvent dans la critique, mais le fruit d’une série d’événements historiques, culturels et de goûts qui marquèrent une des époques les plus fécondes de l’histoire de l’archéologie classique.