1999
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Janick Auberger, « Le beurre dans la Grèce antique : une énigme pour l’histoire de la consommation », Histoire & Sociétés Rurales, ID : 10.3406/hsr.1999.1083
Le mot français «beurre » vient du grec «boutyron», qui signifie «fromage de vache ». Fiers de leur huile d’olive, les Grecs mirent longtemps à apprivoiser ce produit que les Orientaux, les Scythes ou les Hébreux, utilisaient depuis longtemps. Mal renseignés sur sa fabrication, rétifs à sa consommation, les Grecs laissèrent longtemps ce produit aux barbares et le jugèrent indigne de leur civilisation ; d’où la condescendance des histo¬ riens-géographes devant les mœurs alimentaires des peuples en marge ; d’où encore la difficulté des traducteurs alexandrins de la Septante , quand il s’agit d’évoquer le miel et le beurre des peuples pastoraux. Seuls les médecins reconnaissent son utilité, tout en le reléguant le plus souvent dans un rôle d’émollient, de corps gras comme un autre. Il faudra Aetius, un médecin oriental et tardif, pour oser affirmer que le beurre en lui-même est un bon remède, aux qualités spécifiques. Le «fromage de vache », si mal nommé puisque chèvres et brebis constituaient en fait l’essentiel des cheptels, prendra sa revanche bien plus tard, allant jusqu’à donner son nom à des beurres qui n’ont plus aucun lien avec le lait, comme le beurre d’érable ou d’arachide.