2003
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Laurence Kaufmann et al., « La sociologie est-elle un savoir infus ? De la nature sociale de l 'architecture cognitive », Intellectica, ID : 10.3406/intel.2003.1705
L'ontologie contemporaine considère volontiers que l'ordre des choses s'échelonne sur une pyramide de complexité. Pour le sens commun comme pour l'Académie, les entités physiques, les composés chimiques, les phénomènes biologiques, le monde du mental et enfin les organisations sociales se succèdent dans un ordre où la complexité croissante des phénomènes étudiés accroît les risques d'approximation. Bon nombre de sociologues comme de philosophes s'escriment ainsi à montrer comment le tout naît du particulier, le social de l'individuel. C'est cet ordre ontologique apparemment inébranlable que remet en question cet article. L'éthologie, la psychologie évolutionniste et la psychologie du développement fournissent en effet de nombreux arguments, à la fois phylogéniques, ontogéniques et logiques, pour suggérer que l'ordre des faits sociaux précède en fait celui des faits psychologiques. Les auteurs plaident en particulier pour l'existence d'une «sociologie naïve », i.e. un système d'inférences sociales sans lequel les analyses de type mentaliste ne seraient même pas envisageables. Cette modification de la pyramide ontologique amène ainsi à repenser et revivifier les rapports entre la sociologie et la psychologie.