1985
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Louis Guespin, « Nous, la langue et l'interaction », Mots. Les langages du politique, ID : 10.3406/mots.1985.1184
NOUS, LA LANGUE ET L'INTERACTION Le pronom nous pose problème à l'analyse du texte politique, par sa capacité d'ambiguïté référentielle et les manœuvres que celle-ci permet ; mais il fournit en même temps des renseignements sur la mise en mots par lui-même du sujet d'énonciation, et, par là, sur le type de texte et sur l'acte de langage performé. A la différence de je, qui donne peu d'information, nous, par la fusion qu'il opère du sujet d'énonciation avec d'autres actants (interlocuteurs ou non), donne d'intéressants renseignements socio-linguistiques. Nous pose problème à l'analyse de discours, en particulier par le fait que plusieurs stratégies descriptives sont possibles : ou l'analyste s'intéresse aux classes d'équivalence dans lesquelles s'insère nous, ou il s'attache, par des transformations, à décomposer la proposition en plusieurs énoncés sous-jacents, l'un ayant pour sujet le sujet d'énonciationje, et l'autre ou les autres les personnes regroupées avec lui en nous par le locuteur. Une étude structurale de nous donne accès aux latitudes d'emploi offertes par la langue. Mais les pratiques langagières détectées sur un corpus politique dépassent ce jeu, et spéculent sur l'interaction verbale. Si l'on cherche une analogie dans l'usage oral, il semble que l'emploi norme de nous tende à dénoter les ensembles institutionnels où s'insère l'énonciateur ; la variante on est préférée pour les regroupements occasionnels, non garantis par des institutions.