1993
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Marianne Bliman et al., « L'espace bancaire et financier européen », Revue de l'OFCE, ID : 10.3406/ofce.1993.1303
En Europe, comme dans l'ensemble des économies développées, la sphère financière a connu, au cours des années quatre-vingt, un développement et des mutations sans précédent. Bien que d'ampleur inégale selon les pays, les phénomènes — pour la plupart mondiaux — de déréglementation, d'internationalisation et d'innovations financières ont engendré, dans des structures financières naguère très disparates et marquées par des spécificités nationales fortes, des tendances communes, notamment au renforcement de la concurrence, mais aussi à la concentration, à la diversification, à la marchéisation et l'ouverture internationale. Dans ce nouvel environnement, les comportements et les performances des intermédiaires ont profondément changé. S' appuyant sur l'étude des structures de bilan des banques et des agents non financiers, du volume des principaux marchés boursiers et d'un certain nombre d'indicateurs des structures et des performances des banques dans cinq pays de la Communauté européenne (Allemagne, France, Italie, Luxembourg et Royaume-Uni) — comparés, le cas échéant, aux données américaines et japonaises — , cet article identifie les principales spécificités nationales et les tendances communes qui caractérisent l'espace bancaire et financier européen en cours de réalisation. De concert avec ces mutations, la nature et la gestion par les établissements des différents types de risques ont évolué, souvent vers des solutions de marché permettant une meilleure couverture. Mais, du fait des interdépendances financières croissantes entre établissements, agents non financiers et marchés, les risques systémiques se sont probablement renforcés. Face à ces évolutions, les réglementations nationales ont eu tendance à se rapprocher, notamment en matière prudentielle, et une véritable réglementation européenne s'est progressivement élaborée. Pourtant, dans un contexte d'intégration financière sans cesse plus poussée et dans la perspective d'unification monétaire, les signes de fragilité des institutions financières et des marchés, et d'instabilité systémique qui se sont récemment multipliés dans plusieurs pays incitent à réfléchir à de nouvelles avancées, institutionnelles notamment, dans le domaine de la prévention et du traitement des crises éventuelles.