2003
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Guy Neyret, « Les nouveaux visages de la pauvreté en France », Santé, Société et Solidarité, ID : 10.3406/oss.2003.913
L’ampleur de la pauvreté en France avait considérablement diminué au cours du dernier demi-siècle. Depuis quinze ans, ce mouvement s’est interrompu. La pauvreté a changé de visage et est devenue plus visible. Ce ne sont plus les personnes âgées ou les populations rurales qui la subissent, mais en priorité les jeunes générations urbaines en proie à la précarité de l’emploi, dans un contexte de délitement du lien social les menaçant d’exclusion. Les grands mécanismes redistributifs qui avaient montré leur efficacité dans les décennies passées contribuent plus difficilement à contenir ses manifestations. Fondés avant tout dans une logique bismarkienne, sur des régimes d’assurances sociales à base professionnelle, ils laissent plus ou moins à l’écart les populations dont l’insertion sur le marché du travail est la plus précaire, en particulier les jeunes à faible qualification, les étrangers et les enfants d’immigrés. Les politiques d’assistance, sensées antérieurement ne jouer qu’un rôle subsidiaire, sont davantage sollicitées. Mais la complexité de leurs rouages, où se chevauchent de multiples services aux compétences enchevêtrées, génère des difficultés accrues d’accès aux droits sociaux. De plus, les représentations forgées au sein de l’opinion publique à l’égard des pauvres, désormais considérés comme «assistés», tendent chaque année à se durcir davantage.