1995
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Agathe Larcher-Goscha, « La voie étroite des réformes coloniales et la « collaboration franco-annamite » (1917-1928) », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1995.3368
Les déclarations officielles concernant l'Indochine française furent dominées, surtout entre 1917 et 1928, par des appels répétés en faveur d'une « collaboration franco-annamite » censée symboliser l'essence réformiste de la politique coloniale et accréditer auprès des élites vietnamiennes l'idée qu'une évolution libérale de la colonie était en marche. En retraçant à grands traits la construction de cette croyance, nous soulignons dans cet article le rôle déterminant à long terme d'Albert Sarraut, véritable promoteur de la « collaboration » qu'il voulait constitutionnellement fonder et stabiliser en Indochine. Dans un second temps, nous mettons en relief l'impact complexe de ses incitations à la concorde coloniale sur les milieux nationalistes vietnamiens à partir d'une analyse des positions de huêtistes de Phan Bôi Châu que de nouveaux documents rendent possible. L'attitude de ce dernier révélera combien plus incertaine qu'on ne le croit était l'issue de la lutte engagée entre réforme et révolution en Indochine, situation bien saisie par Nguyên An Ninh déclarant en 1926 : « on ne sait pas encore de quel côté la victoire penchera ». Remarque durablement lucide, en un sens, vu le second souffle que connaîtra la collaboration en 1940...