2003
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Stéphane Vari, « Une singularité de la santé publique : l'évolution de la mortalité en Hongrie depuis 1970 », Revue d'études comparatives Est-Ouest, ID : 10.3406/receo.2003.1599
Dans les années 1965-1978, une hausse de la mortalité des adultes en âge de travailler a été observée dans l'ensemble des pays d'Europe centrale et orientale. La thèse la plus fréquemment avancée pour expliquer ce phénomène est celle de l'exposition aux "facteurs de risque" (alcool, tabac.) rejetant ainsi la responsabilité sur les individus et leurs habitudes de vie. Or cette thèse est contredite lorsqu'on s'intéresse aux mortalités particulières que sont les "mortalités évitables" liées au système de soins. Elles ont, par définition, une dimension institutionnelle qui dépasse les comportements individuels. Les données de l'OMS montrent que la Hongrie présente un niveau plus élevé qu'ailleurs de ces mortalités et fondent donc l'hypothèse d'une responsabilité du système national de santé. Les maladies cardio-vasculaires sont ici privilégiées car elles ont partout une place prépondérante dans la mortalité globale. Depuis les années 1980, le progrès médical a entraîné une forte baisse de la mortalité. Cet effet bénéfique a également été observé en Hongrie, mais plus tardivement et dans une moindre mesure car la diffusion des innovations a été limitée par le fonctionnement du système de santé. L'article conjecture qu'une part importante de la responsabilité de la lenteur des progrès revient à la forme de dessous-de-table médicale que les Hongrois appellent « prime de reconnaissance ». Du fait de la corruption et du désintérêt des personnels soignants, les patients temporisent avant de faire appel à la médecine, d'où des soins souvent trop tardifs. Ces éléments incontournables dans la limitation des chances de1 survie des patients en Hongrie se retrouvent dans d'autres pays de la région.