2012
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Bertrand Mallet et al., « Différences morphologiques et identification de Jumellea rossii et Jumellea fragrans (Orchidaceae) à l’île de La Réunion : implications pour la conservation », Revue d'Écologie (La Terre et La Vie) (documents), ID : 10.3406/revec.2012.1667
La clarification du statut taxinomique des espèces constitue un préambule nécessaire à la mise en place de mesures de conservation appropriées et efficaces, particulièrement dans les îles océaniques où la radiation adaptative rend difficile la reconnaissance des entités biologiques fonctionnelles. C’est le cas de certaines orchidées de La Réunion comme le «Faham» (Jumellea spp.) qui regroupe plusieurs taxons dont les populations se situent à différentes altitudes et semblent présenter des variations morphologiques et reproductives. Dans cette étude, nous proposons d’éclaircir la position systématique des taxons composant le complexe d’espèces regroupées sous le nom de «Faham» par le biais d’une approche morphométrique à l’échelle populationnelle et d’identifier des caractères morphologiques permettant de distinguer les différents taxons. Quatorze caractères (végétatifs et floraux) ont été mesurés sur 51 individus issus de trois populations naturelles représentatives de la distribution altitudinale du complexe. Des analyses multivariées effectuées sur ces caractères ont montré une séparation des individus en deux groupes (Mare-Longue d’une part, Basse-Vallée et Cilaos d’autre part). Neuf caractères sont significativement différents entre la population de Mare-Longue et les populations de Basse-Vallée et Cilaos et permettent de distinguer les deux groupes. La population de Mare-Longue appartiendrait à l’espèce Jumellea fragrans (Thouars) Schltr. et les populations de Basse-Vallée et Cilaos à l’espèce Jumellea rossii Senghas. En termes de conservation, la première recommandation est de reconnaître deux espèces bien distinctes : J. rossii et J. fragrans. D’autre part, l’inscription dans la catégorie «vulnérable» de la Liste Rouge de l’UICN et l’adoption d’un statut de protection semblent fortement recommandées pour J. fragrans. Concernant J. rossii, des connaissances approfondies sur la distribution géographique et la dynamique des populations de l’espèce s’avèrent nécessaires afin d’évaluer le risque d’extinction. Parallèlement, l’étude de la diversité génétique des deux espèces fournirait des données utiles pour la mise en oeuvre de plans de conservation.