2020
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Catherine Géry, « Regards croisés sur l’activité critique de Zinaïda Venguérova : Lettres russes dans le Mercure de France / Lettres françaises dans le Messager de l’Europe », La Revue russe, ID : 10.3406/russe.2020.2968
Zinaïda Venguérova fut un passeur des littératures qui, toute sa vie, pratiqua des allersretours entre plusieurs continents , dont deux en particulier : celui du symbolisme européen (et plus spécifiquement français ) et celui du symbolisme russe , qu'elle a grandement contribué à établir dans le champ littéraire de son pays d’origine . Dans ses articles pour des revues comme Vestnik Evropy (Le Messager de l ’ Europe [ Вестник Европы ]) ou Severnyj Vestnik (Le Messager du Nord [ Северный Вестник ]), elle a popularisé auprès des lecteurs russes les noms et les œuvres de Verlaine , Mallarmé ou Rimbaud , mais aussi de Laforgue et Moréas , ou encore du Belge Émile Verhaeren ; collaboratrice du Mercure de France, elle a permis à des lecteurs surtout familiers de Tolstoï ou de Tourguéniev de prendre connaissance de la véritable révolution spirituelle et esthétique que constitua en Russie l’apparition du symbolisme . Dans cette communication , je mettrai en regard trois articles : l’article de Venguérova paru dans la livraison n o 9 du Vestnik Evropy en 1892 sur les symbolistes français, l’article de L . D . sur cet article de Venguérova paru dans le Mercure de France en 1893 et enfin l’article de Venguérova sur le symbolisme russe paru dans le Mercure en novembre 1898. Ce croisement d'articles sera l’occasion de montrer que, pour Venguérova , l’épreuve de l'étranger et le rapport quotidien à l'altérité culturelle sont le moyen le plus sûr d’appréhender ses propres contours et de dessiner son propre profil , et que se reconnaître «étranger à soimême » constitue une démarche adéquate – ni exclusive, ni «intégrationniste » – afin de penser au mieux la singularité des cultures et des littératures, tout en leur concédant un ensemble de caractéristiques communes.