Lettre de Jean Pech à Jean-François Séguier, 1764-11-23

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23 novembre 1764

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CC-BY-4.0 , gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France



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Jean Pech et al., « Lettre de Jean Pech à Jean-François Séguier, 1764-11-23 », Archives savantes des Lumières. Correspondance, collections et papiers de travail d'un savant nîmois : Jean-François Séguier (1703-1784), ID : 10.34847/nkl.01d17w7n


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Résumé

[transcription] A Narbonne le 23 novembre 1764 Monsieur L'approbation que vous avés bien voulu donner à mon dessein m'encourage beaucoup. Il me fortifie dans le désir que j'ai de l'exécuter d'une manière à pouvoir être agréable aux amateurs de la botanique. Les fertiles montagnes des Pyrénées n'ont étté guère parcourues que par Tournefort. Il est certain qu'il est bien difficile à s'assurer que telle ou telle espèce de plante est la même que celle que ce grand botaniste a nommé par une simple phrase. Je me suis trouvé très souvent dans ses détresses et la phrase qui chez Linnaeus doit charactériser une espèce est très souvent insuffisante pour la reconoitre et la bien distinguer des autres. Je sens combien il est difficile de charactériser par cinq ou six mots une espèce de laquelle on n'a point sous les yeux toutes les congénères ou du moins une bone partie. Telle qui sera bien charactérisée jusqu'ici ne le sera plus par la découverte d'une nouvelle qui, outre son charactère particulier, aura celui de la première et il est même possible de marquer le vray distinctif d'une espèce sans que toutes celles du même genre soit connues. Ce n'est donc qu'avec le temps que l'on pourra parvenir à cette justesse et cette précision qui est bien désirable; mais jusques là je crois que les botanistes qui s'occupent des plantes doivent s'attacher à les décrire fidèlement en entier, autant que les circonstances, le lieu et le temps le leur permettront. J'ai décrit aussi exactement qu'il m'a étté possible toutes les plantes les plus rares qui croissent aux environs de Narbonne et toutes celles que j'ai observées dans les Pyrénées. [fol. 193v]. L'ordre que j'observe est celui cy. Je commence d'abord par la racine, je dis sa figure, sa durée, souvent ses qualités physiques comme le goût, l'odeur etc. et tous les atributs qui peuvent s'y trouver. Je passe à la tige, aux feuilles, aux pétioles, pédoncules, ailerons, j'en donne la figure, situation, proportion, etc., je me comporte de même pour les fleurs, le calyce, les pétales, nectar, étamines, pistile et graine. Lorsque j'ai pu observer le tout ensemble, permetés myi de vous consulter là dessus et pour cet effet, je vous prie de lire les deux descriptions suivantes. Par celles là vous pourrez juger des autres qui sont toutes dans le même goût. [suit la description de l'Astrontia (minor), en latin, dans toutes les composantes décrites ci-dessus] Quand je fais la comparaison des deux espèces d'Astrontia, c'est que j'ai doné la description de toutes les deux [suite de la description] [fol. 194] J'ai fait ces descriptions sur les lieux où croissoit la plante pour la rendre bien dans son port naturel. Je me flatte que vous voudrés bien me donner une nouvelle marque d'amitié en me disant votre manière de penser sur ces descriptions, je me ferai un vray plaisir de suivre et de profiter des bons conseils que vous me donerés. Ne jugés pas, je vous prie, de mes sentimens par le silence que m'ont obligé de garder tous les évènemens fâcheux que je vous ai détaillé dans ma dernière lettre. Soyés persuadé que je sais apprécier toutes vos bontés et que j'en ambitione infiniment la continuation. Je vous prie de vouloir m'en honorer toujours. J'ai étté forcé de négliger tout pendant ces malheureux temps et c'est avec bien du plaisir que je me vois tranquille et en état de cultiver ceux qui m'honorent de leur correspondance et de reprendre mes occupations. J'accepte avec bien de plaisir les livres que j'avais pris la liberté de vous demander et que vous m'offrez si obligeament. Vous me rendez le service [fol. 194v] le plus agréable, je ne l'oublierai de ma vie. Vous m'observez que je ne tirerai presque rien de l'Hortus elthamensis Dillenii et que ses plantae Gissenses de même que l'Iter Helveticum de Haller me seroient plus utiles, je vous serai obligé de rayer de ma note l'Hortus Elthamensis et de vouloir y joindre les deux autres ouvrages de même que ceux que vous jugerés pouvoir m'être utiles. Raices [?] dans son Sylloge ne fait il pas mention des plantes que Tournefort a trouvé dans les Pyrénées, je crois autant que je puis m'en rappeler y avoir vu quelque chose comme ça. Plus je consulte votre livre, plus j'en sens toute l'utilité, on y reconoit le botaniste consommé et profond, d'un autre côté on croiroit qu'il part d'un médecin versé dans la pratique, tout concourt à le rendre aussi instructif que curieux. Mr de Sauvages est effectivement trop occupé pour le prier de se doner le soin de me faire parvenir la male qui contiendra les livres. Vous avés très bien pensé de la faire passer jusqu'à Montpellier par la voye de la messagerie. Le prix ne m'arrêtera jamais, il suffit que cette voie soit sûre. Vous pouvez l'addresser avec toute confiance à Mr Solier Docteur en Médecine chez Mr Bourret près le collège à Montpellier. Je l'ai prévenu là dessus, il prendra toutes les précautions pour qu'elle me parvienne en bon état, je lui recomandé de ne pas la remetre à aucun voiturier et il ne le fera sûrement pas. La messagerie ne vient plus à Narbonne mais je prierai quelqu'un de mes conoissances qui doit passer quelques jours à Montpellier au commencement des états de s'en charger à son retour. Je le prierai d'en prendre tous les soins possibles. De cette manière nous éviterons tous les inconvéniens et Mr Solier ne fera que la retirer de la messagerie et la garder jusqu'au temps que je lui écrirai de la remetre à la personne que j'aurai choisie. Je suis confus de toute la peine que cela va vous causer, comment pourroi je reconnaître tous les soins que je vous done et toutes les bontés que vous avés pour moy? La caisse de marbres, pétrifications que je vous avois destinée est partie le 19 du courant sur une barque qui la remetra à Lunel à Mr Ducros négociant franc de port jusques là. Je l'ai prévenu et prié de vous la faire passer le plus tôt possible. Je souhaite qu'il y ait quelque chose qui puisse vous être agréable. Selon les apparences vous ne tarderai pas à la recevoir, vous y verrés les dentrites que j'ai trouvées dans les [fol. 195] Corbières, dans la terre de Cascastel dix-huit ou vingt échantillons des marbres que produit cette même terre, je tâcherai de vous en avoir un de ces marbres qui est entremêlé de coquillages. On ne trouve point de poissons pétrifiés dans nos cantons comme vous l'avoit dit Mr de Montauban, je ne sais pas non plus ce qu'il entend par son granit des Pyrénées. Il faudroit bien des choses pour déranger mon voyage de Nismes. Le plaisir de vous voir, de vous témoigner de vive voix toute ma reconoissance, de vous offrir tout ce que pourra contenir mon herbier en est le motif. Je suis bien sensible aux offres agréables que vous me faites d'avance. Que je seroi charmé de profiter de tous les moments que vous voudrés m'accorder, de m'instruire par vous mesme, par vos livres, par votre herbier qui est immense, un des plus riches; le mien est un Appendix du vôtre, il n'en contient que trois mille et quelque cent planches mais elles sont bien [tou]tes à votre service, doubles ou non. Je seroi trop aise de m'en défaire pour vous. Je prends bien de part à l'état de souffrance que vous cause le rhumatisme dont vous êtes affecté. c'est à coup sûr les suites de toutes les fatigues que vous avez prises soit dans les pénibles et rudes voyages, soit par vos assidues occupations. Que je désirerois d'être à portée de mériter votre confiance et de prendre soin de votre santé qui m'est aussi chère qu'à vous même. J'ai l'honneur d'être avec le dévouement le plus sincère et l'attachement le plus respectueux Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur Pech Mr de Marcorelle que j'ai vu de votre part est bien sensible à votre souvenir, il vous demande toujours un peu de part dans votre amitié. Il a vu ces jours passés Mr d'Ennery. Ma mère et ma soeur sont très flattées de vos attentions, elles me chargent de vous témoigner combien elles vous sont redevables pour toutes les bontés dont vous m'honorés. [fol. 195v] [note de Séguier: 9bre 1764 Pech] A Monsieur Monsieur de Séguier Membre de l'accadémie des sciences de Montpellier Près du collège A Nismes

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