17 octobre 2021
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Corin Braga, « Archétype, anarchétype, eschatype », IRIS, ID : 10.35562/iris.2335
Ce travail se propose de distinguer trois grandes méta-typologies définissant trois structures imaginaires (artistiques, littéraires, etc.) qui se partagent la culture européenne et mondiale. Je pars du concept d’archétype, passant en revue les acceptions qu’il a reçues au cours de l’histoire des idées : métaphysique (essence ontologique, comme les Idées de Platon), psychologique (matrices inconscientes, comme chez Jung) et culturelle (invariant, comme les loci de Curtius). Je traite comme archétypales les œuvres qui ont une structure centrée, dépendant d’un sens unique, qui se résument en un scénario explicatif cohérent. Par l’anarchétype, je désigne les structures anarchiques qui refusent le centre et le logos, qui évoluent d’une manière imprévisible, dans des séquences qui ne peuvent pas recevoir une interprétation linéaire. On pourrait comparer les structures archétypales à des systèmes solaires, alors que les structures anarchétypales rappellent plutôt le gaz cosmique résultant de l’explosion d’une supernova. Enfin, par l’eschatype (du grec eschatos, eschata, eschaton = le dernier), je comprends les structures qui se constituent dans le temps, d’une manière téléologique, en vue d’un sens final qui n’est pas évident dès le principe. Si les œuvres archétypales sont construites sur un scénario initial, les corpus d’œuvres eschatypiques n’arrivent à un modèle explicatif qu’après une évolution interne. La démarche de distinguer ces trois paradigmes me paraît nécessaire parce que, faute d’instruments d’analyse, le canon occidental risque de ne valoriser que les structures archétypales (et en moindre mesure les structures eschatypiques), et de rejeter et déprécier comme des aberrations et des échecs les œuvres anarché-typiques.