30 septembre 2022
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Karim Daanoune, « “Missing people never make sense”: Don DeLillo’s Point Omega or, Addressing the Terroristic Real to Oneself », Représentations dans le monde anglophone, ID : 10.35562/rma.420
Quinzième roman de Don DeLillo, Point Omega aborde à la fois ouvertement et secrètement la réalité historique de la guerre mondiale contre le terrorisme et de certaines de ses conséquences tragiques, à savoir la guerre en Irak et le scandale d’Abu Ghraib. Centré sur la figure de Richard Elster, une des têtes pensantes de la guerre contre le terrorisme, désormais à la retraite, le roman met en scène le terrorisme d’État et sa politique aveugle de contre-terreur grâce à une poétique de la hantise. En effet, tout dans ce roman tend à trahir l’atmosphère générale de terreur qui a caractérisé la politique antiterroriste des États‑Unis à l’étranger et qui se voit ainsi déployée, de manière subreptice et fantomatique sur le sol national. Étant donné que l’intrigue se déroule aux États‑Unis et que les deux principales victimes — Jessie, la fille d’Elster, qui disparaît du jour au lendemain sans explication et Elster lui‑même face à son chagrin incommensurable — sont des citoyens américains, je défends l’idée suivante : la mise en œuvre dans l’ombre de la guerre contre le terrorisme a, pour ainsi dire, frappé les États‑Unis eux‑mêmes en raison d’un principe auto‑immun. Je montre notamment comment le réel caractérisé par la terreur, ou la terreur comme réel permet à DeLillo de suggérer que ce réel retourne à son expéditeur et afflige ceux et celles qu’il était censé protéger.