La redécouverte de Jean Epstein ou la construction d’un mythe : questions de méthode et de perspective

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10 février 2022

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Depuis une vingtaine d’années on assiste à une redécouverte d’Epstein qui culmine avec l’édition de ses Écrits complets. Ce retour d’intérêt pourrait être hautement salutaire sinon nécessaire, non seulement pour les études epsteiniennes – qui restaient sans doute insuffisantes –, mais pour la critique et l’histoire du cinéma et celle de l’art, voire de la société contemporaine. Il pourrait être, pour employer une formule d’Adorno, l’occasion de faire de la « critique sociale » par le biais de la « critique artistique ». Si la présente étude se veut polémique, elle n’a pas l’intention de relever les thèses qui peuvent paraître discutables ici ou là : les contributions des différents artisans de la redécouverte epsteinienne nous semblent, dans leur ensemble, admirables dans leurs efforts de trouver des relations nouvelles, des appuis utiles, des perspectives encore insoupçonnées, offrant un assortiment de points d’appui auxquels on a tenté de s’accrocher pour ouvrir des portes qui, espère-t-on, donneront accès à cette terra incognita. Cependant il est apparu que cette redécouverte repose la plupart du temps sur des présupposés historiographiques et sociologiques concernant le « modernisme » et « l’avant-garde » considérés comme allant de soi. C’est à une remise en question de ces présupposés – qui dépassent le simple champ des études epsteiniennes – que nous voulons procéder. On se demandera, en somme, si l’orientation générale de la redécouverte epsteinienne n’a pas abouti à déformer l’œuvre de son héros ; si elle ne consiste pas en une opération mythologique et apologétique, la tentative de trouver incarnées en une idole encore vierge, les valeurs qui, quotidiennement et pratiquement, nous échappent et auxquelles nous sommes inlassablement incités à croire – ne serait-ce que par procuration –, celles d’une liberté que nous sommes encore trop enclins à trouver dans la rhétorique idéaliste, sinon dans un vague mysticisme.

In the last twenty years we have seen a rediscovery of the work of Jean Epstein, culminating in the publication of his Complete Writings. This renewed interest in Epstein could be highly beneficial, not only for Epsteinian studies but for film criticism and the history of cinema, of art, and even of contemporary society. It could be, to use Adorno’s phrase, an opportunity to engage in “social criticism” through “artistic criticism”. If the present study is intended to be polemical, it does not intend to question the integrity of the various contributions to this Epsteinian rediscovery, which, taken as a whole, are admirable in their efforts to find new relationships, sources and perspectives regarding this terra incognita. However, it does wish to question certain presuppositions – which go beyond the simple field of Epsteinian studies – regarding “modernism” and “the avant-garde”. We will argue that the general orientation of this Epsteinian project has distorted the work of its hero, notably veering towards a mythological construction of Epstein as the embodiment of a freedom that we are still too inclined to find in idealistic rhetoric, if not in a vague mysticism.

Da una ventina d’anni a questa parte assistiamo a una riscoperta di Epstein, culminata nell’edizione degli Écrits complets. Un tale ritorno d’interesse potrebbe essere del tutto salutare, se non necessario, non solo per gli studi epsteiniani – che erano senz’altro insufficienti – ma per la storia e la critica del cinema e dell’arte, nonché della società contemporanea. Per citare una frase di Adorno, potrebbe essere l’occasione di una « critica sociale » attraverso la « critica artistica ». Se questo articolo si vuole polemico, l’intenzione non è quella di mettere in discussione tesi che possono qua o là apparire discutibili ; i contributi dei diversi artefici della riscoperta epsteiniana ci sembrano, nell’insieme, ammirevoli nello sforzo di trovare nuove relazioni, appigli utili, prospettive finora inedite, per offrire una varietà di punti di appoggio sui quali si è cercato di fare perno per aprire porte che, sperabilmente, daranno accesso a una terra incognita. Nonostante questo, ci pare che questa riscoperta si fondi quasi sempre su presupposti storiografici e sociologici che danno per scontati i concetti di « modernismo » e « avanguardia ». Sono proprio questi presupposti – che vanno al di là del campo degli studi epsteiniani – che vorremmo rimettere in discussione. Ci si chiederà dunque se l’orientamento generale della riscoperta epsteiniana non abbia finito per deformare l’opera del suo eroe ; se non consista in un’operazione mitologica e apologetica, tentativo di trovare incarnati in un idolo ancora vergine i valori che, quotidianamente e praticamente, ci sfuggono e ai quali siamo costantemente esortati a credere – non foss’altro che per procura –, ovvero quelli di una libertà che siamo ancora troppo inclini a trovare nella retorica idealista, se non in un vago misticismo.

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