30 octobre 2011
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Gérard Lefeuvre, « Un débat sur la vocation sacerdotale », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, ID : 10.4000/abpo.495
En 1896, le chanoine Branchereau, supérieur du grand séminaire d’Orléans, publiait un livre De la vocation sacerdotale qui apparaissait comme une synthèse de la position courante qui avait inspiré au cours du siècle les efforts de renouveau des séminaires : la « vocation » est essentiellement une réalité intérieure, un appel divin qui se manifeste par des signes qu’il importe de discerner. Cependant, en 1909, le chanoine Lahitton, professeur au grand séminaire de Dax, publiait lui aussi un livre La vocation sacerdotale. Traité théorique et pratique dont la thèse était diamétralement opposée à la précédente : la vocation vient de Dieu par l’évêque. Il n’y a pas d’appel divin à chercher dans le sujet. L’origine de la théologie de l’attrait au sens moderne doit être cherchée à la Renaissance et au xviie siècle. Du côté catholique, on lutte contre les ordinations de prêtres faites pour des raisons financières et de situation sociale ; du côté des Réformateurs, Luther et Calvin, on insiste sur la responsabilité personnelle de chacun, sa « vocation », face à un appel de Dieu adressé à tous quel que soit son métier ou sa situation sociale. Peu à peu émergea dans le monde catholique l’idée de vocation sacerdotale comme « vocation divine » qui conduisit à une théologie de l’attrait et, chez certains, à celle d’une vocation conçue commme une prédestination. Une telle conception influa grandement sur la conception des vocations d’enfants et leur recrutement. La querelle des théologiens entre deux conceptions aussi incompatibles fut vive et connut des épisodes multiples : approbation de la thèse de Lahitton par une commission cardinalice en 1912 et plus tard diverses mises au point par les papes Pie XI et Pie XII. Le Concile Vatican II opéra une synthèse d’abord dans la « Constitution sur l’Église » par sa conception de la vocation universelle à la sainteté, antérieure à toute différentiation selon des vocations particulières, puis par une conception plus élaborée du sacerdoce ministériel comme participation à l’unique sacerdoce du Christ.