10 février 2022
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Bernard Salvaing, « La question de l’influence de la Qādiriyya sur les débuts du califat de Ḥamdallāhi, à l’épreuve de nouvelles sources », Afriques, ID : 10.4000/afriques.3308
Les auteurs de l’époque coloniale (Marty ou Hampâté Bâ) ont analysé le mouvement mené par Aḥmad Lobbo en 1818 en projetant de façon anachronique sur une réalité passée le paysage confrérique de leur époque. D’où leur attribution du mouvement à l’influence de la Qādiriyya et des Kounta. L’étude des sources locales anciennes conduit à écarter cette vision. La naissance de l’État islamique du Māsina paraît plutôt procéder d’un revivalisme, prenant comme référence la politique islamique de l’empereur songhay Askiyā Muḥammad (m. 1538) conseillé par le prédicateur al-Maġīlī, cherchant à intégrer en profondeur l’islam dans la vie sociale et culturelle de l’Empire. Il faut aussi prendre en compte la présence de longue date, dans toute l’Afrique de l’Ouest musulmane, d’une culture islamique privilégiant le fiqh et le taṣawwuf, mais sans enracinement confrérique institutionnalisé. Par ailleurs, avant la Tiǧāniyya d’al-Ḥāǧǧ ‘Umar, le renouveau islamique observé aux xviie et xviiie siècles dans le reste du monde musulman n’a guère eu d’impact sur l’Ouest africain, sauf peut-être à Sokoto.