21 juin 2023
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Olivier Agard, « Le droit social comme réponse à la crise de la démocratie : la contribution de Georges Gurvitch », Revue d’Allemagne et des pays de langue allemande, ID : 10.4000/allemagne.3559
Cet article se penche sur la contribution de Georges Gurvitch à la pensée juridique et politique, et insiste sur les sources allemandes de cette pensée (que Gurvitch a parfois occultées). Dans cette pensée, la notion de pluralisme occupe une place centrale. Contre une conception qu’il considère comme « moniste » de la volonté générale, Gurvitch valorise la pluralité des groupes sociaux et leur capacité à produire un « droit social » qui est l’expression de la société en train de se faire. Cette conception doit beaucoup à des impulsions venues de la pensée allemande : la Genossenschaft de Gierke, la théorie des conventions collectives de Sinzheimer. Elle trouve un fondement philosophique dans une vision personnaliste et vitaliste de la société qui sur certains points est proche de celle de Max Scheler. Pour Gurvitch comme pour Scheler, la solidarité prend sa source dans l’expérience collective d’une communauté et le monde social est constitué d’une multiplicité de communautés. Toutefois, Gurvitch, tout en reconnaissant sa dette envers Scheler, lui reproche sa conception trop hiérarchique et statique de l’ordre des valeurs et de l’ordre social. Contre cette vision de l’ordre social marquée par le catholicisme, Gurvitch croit en la possibilité de la société à réguler de façon dynamique les conflits qui naissent de la pluralité des intérêts.