16 juillet 2020
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Mathilde Bertrand, « “Making the Art of Fun Freely Accessible”: Community Arts Practices and the Politics of Leisure in Britain in the 1970s and 1980s », Angles, ID : 10.4000/angles.1225
Le concept de loisir offre un prisme fertile pour l'analyse du mouvement community arts en Grande-Bretagne. L’émergence de ce mouvement à la fin des années soixante est étroitement liée à la critique du caractère exclusif des mondes de l’art, tant dans l'accès aux œuvres que dans la pratique artistique. Il participe d'une lutte pour l'accès démocratique aux moyens de production culturels. Le loisir peut être tout d'abord envisagé comme un outil à la disposition des animateurs, qui favorise l'expression de voix habituellement marginalisées et qui conduit à des processus d’« auteurisation ». Loin d'être considéré comme une revendication secondaire, l'accès aux loisirs, dans ses connotations riches qui incluent le jeu, le divertissement et la récréation, fut mis au premier plan dans le cadre d'action du mouvement. Il devient un projet politique : celui d’ouvrir des espaces alternatifs et d’exploiter la dimension dynamique et subversive de l'expression créative propice à l'émergence d’actions collectives au niveau local. D’une manière cruciale, les projets community arts affirment l’égale validité de toutes les formes culturelles et des pratiques signifiantes, remettant ainsi en cause les définitions dominantes de l’art. Le pluralisme culturel revendiqué par les community artists mettent en question la distinction hiérarchique qui séparent les formes nobles et populaires de la culture et cherchent au contraire à redéfinir l'art autour du concept plus ouvert d’expression créative. Ce déplacement permet de révoquer la figure de l’artiste individuel et d’évoluer vers la possibilité d'imaginer un partage de la fonction auteur dans la production de significations collectives. L’article analyse les enjeux politiques du loisir dans le contexte des organisations community arts à travers les discours et pratiques produits. Basée sur un travail dans les archives de différentes organisations ainsi que sur des entretiens avec d’anciens membres, l'étude met en lumière différentes pratiques et identifie les principes fondamentaux du mouvement : l’accessibilité, l’action collective, la mise en capacité des individus (empowerment) et la démocratie culturelle. Ces thèmes se trouvent mis à mal pendant les années 1980s, dans le contexte des gouvernements Conservateurs successifs.