28 juin 2023
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Marc-Philippe Brunet, « “Diversity’s good unless you have a Southern accent, then you’re a hick”: Self-evaluation, linguistic insecurity and symbolic domination in Middle Tennessee », Anglophonia, ID : 10.4000/anglophonia.5131
La variété linguistique parlée dans le sud des États-Unis constitue un domaine d’étude bien documenté (Farington et al., 2018 ; Feagin, 2018 ; Fridland, 2003, 2008 ; Labov et al., 2006 ; Nunnally & Bailey, 2018 ; Reed, 2014). En raison de sa distribution géographique et sociale au sein des États-Unis, cette variété est considérée par une grande partie des Américains (y compris par ses propres locuteurs) comme l'une des plus saillantes, ainsi que l’une des plus « incorrectes » de l'anglais parlé aux États-Unis (Hasty, 2018 ; Preston, 1996, 2015 ; Preston and Robinson, 2008). Ainsi, les caractéristiques linguistiques – et en particulier phonologiques et phonétiques – de cette variété sont socialement symptomatiques, dans la mesure où elles sont systématiquement associées à des groupes socio-démographiques spécifiques par une majorité des États-uniens. Les locuteurs du Sud sont d’ailleurs typiquement affectés par un haut degré d'insécurité linguistique, due à la domination symbolique du standard linguistique aux Etats-Unis.Cet article s’intéresse à la façon dont les locuteurs du SAE répondent au sentiment d'insécurité linguistique qui les caractérise, dans une communauté linguistique et sociale spécifique. Cette étude se fait notamment via l’analyse de la production de la diphtongue /aɪ/ par une cohorte de locuteurs, car cette variable linguistique est souvent considérée comme un trait caractéristique de la phonologie du Sud. Dans le cadre de cette étude, nous utilisons la notion de domination symbolique, renvoyant ici à une méconnaissance du caractère intrinsèquement arbitraire d'une norme linguistique, ce qui conduit les locuteurs de variétés moins prestigieuses à juger leurs propres productions linguistiques à travers le prisme des critères dominants (Bourdieu, 2001 ; Bourdieu & Boltanski, 1975).Cette étude se base sur les résultats d'un travail de terrain sociolinguistique à Murfreesboro (Tennessee, Etats-Unis), mené dans le cadre théorique et méthodologique du programme de recherche PAC et dans le cadre du projet sociophonologique LVTI-Langue, Ville, Travail, Identité (Durand & Przewozny, 2012 ; Przewozny et al. 2020). Les résultats de l’enquête montrent que les locuteurs ont recours à des formes d’autocorrection ou à de l’hyperdialectalisme comme stratégies antagonistes, dues à la position particulière de la phonologie du Sud dans la hiérarchie dialectale.