3 décembre 2018
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Jean-Robert Henry, « L’histoire aux prises avec les mémoires. L’exemple du musée avorté de Montpellier sur l’histoire de la France et de l’Algérie », L’Année du Maghreb, ID : 10.4000/anneemaghreb.4240
Plusieurs initiatives récentes ont entrepris de mettre les savoirs historiques produits sur les rapports franco-maghrébins à la portée du grand public, notamment scolaire. Le Musée d’Histoire de la France et de l’Algérie (MHFA) à Montpellier était l’une des plus ambitieuses. Reformulant un projet tourné initialement vers les attentes mémorielles des Français d’Algérie, il avait mobilisé des dizaines de professionnels du patrimoine et de chercheurs français et algériens pour tenter de proposer un parcours commun dans l’histoire des deux pays. Il s’agissait moins de confronter des mémoires multiples et divergentes que d’inviter les porteurs de celles-ci à se soumettre à un devoir d’histoire pour mieux entrer en dialogue. Mais en juin 2014, le nouveau maire de Montpellier a décidé brutalement d’arrêter le projet de musée, sous la pression notamment des associations algérianistes. Cette décision a suscité pendant plusieurs mois un très vif et large débat public. L’article, écrit par l’ancien président du Comité scientifique du musée, rappelle la genèse et le développement du projet et s’interroge sur les raisons structurelles et conjoncturelles, locales et nationales, qui ont pesé sur son abandon. En sens inverse, la forte réaction des milieux universitaires et culturels a cependant contribué à valider l’intérêt de l’entreprise, comme en témoignent la survie de certains aspects du projet et la tentative du chef de l’Etat de le relancer en 2016. La leçon qui reste de cette expérience est que l’histoire croisée de la France et du Maghreb est plus que jamais nécessaire, mais trouve difficilement sa place dans des politiques mémorielles aux objectifs ambigus.