25 juillet 2022
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2101-0714
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Émilie Bonnard, « Le lettré chinois : designer ignoré des traductions », Appareil, ID : 10.4000/appareil.4222
Le regard de l’Occident sur la Chine ne cesse de se modifier, en fonction des échanges entre les deux pays, et des émotions qui étreignent les protagonistes. Dans un premier temps, l’augmentation des échanges a surtout favorisé la traduction des textes occidentaux en mandarin. Ensuite, l’attrait croissant pour la culture chinoise a conduit à l’augmentation du nombre de sinologues et à une diversification des traductions des textes chinois en Occident. La traduction des récits consacrés à la création, avant 1911 et l’avènement de la République, a révélé la personnalité complexe du lettré qui ne se limitait probablement pas à sa position de fonctionnaire administratif. Il apparaît comme un artiste et intellectuel, un savant ingénieux, parfois jardinier (Ji Chen) ou botaniste (Chen Haozi), ou encore inventeur (Li Yu). Les récits, marginaux, selon les sinologues francophones, de ces hommes créatifs et inventifs, à la croisée des disciplines, résonnent avec les discours des designers contemporains. La traduction francophone des récits de lettrés que nous avons étudiés, relate le développement d’un art de vivre avec le parfum particulièrement raffiné. Les lettrés concevaient des ustensiles, des usages, des circonstances, pour vivre harmonieusement dans une ambiance parfumée. Aujourd’hui, dans ces traductions, doit-on qualifier ce personnage de « lettré », de « designer », ou encore plus précisément de « designer olfactif » ? Un dialogue entre sinologues et designers semble s’imposer.