23 février 2023
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Gilles Postel-Vinay, « En lieu et place de l’« invention du marché »… », Archéopages, ID : 10.4000/archeopages.8920
Pour des archéologues qui s’interrogent sur ce que seraient pour eux les conditions d’usage de la notion de marché, une intervention sur les marchés du crédit dans la France du XVIIIe au début du XXe siècle pourra sembler bien exotique. Peut-être se justifie-t-elle néanmoins dans la mesure où elle invite à déplacer les analyses. Dans la période considérée, souvent pensée comme marquée par la mise en place plus ou moins rapide d’un marché du crédit, ce sont différents marchés qui émergent et coexistent, chacun suivant sa logique et sa chronologie propre. Ainsi, dans la France d’alors, se sont tôt développés à l’écart des banques des réseaux d’intermédiaires – en l’occurrence les notaires – aptes à certifier la fiabilité des garanties (immobilières) offertes et, partant, à mettre en rapport emprunteurs et prêteurs. Longtemps resté inaperçu, un tel système a fonctionné à si grande échelle qu’un tiers des familles y a recours vers 1740 et que, vers 1840, il mobilise à moyen et long terme des sommes qui, rapportées à l’économie d’alors, sont comparables aux prêts hypothécaires réalisés par les banques américaines du milieu du XXe siècle.