19 janvier 2024
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Tiphaine Samoyault, « Qu’est-ce qu’une capitale mondiale littéraire ? Pour une géocritique rêveuse. », Artelogie, ID : 10.4000/artelogie.13280
Est-ce que l’idée de capitale culturelle ou de capitale littéraire peut échapper au point de vue depuis laquelle on la regarde ? Pour le dire autrement, existe-t-il une capitale littéraire mondiale "mondialement" reconnue comme telle ? C’est l’hypothèse de Pascale Casanova dans La République mondiale des lettres, que Paris a longtemps joué ce rôle, mais cette hypothèse a été contestée hors de l’Europe, et souvent taxée d’eurocentrisme. Certains pourraient penser que New York occupe cette place aujourd’hui, mais en subordonnant en partie la littérature au grand marché du livre, ce qui n’est pas la même chose. Pour pouvoir parler de capitale littéraire mondiale, il faudrait pouvoir identifier une ville à la littérature, non seulement socialement, économiquement, mais aussi imaginairement et même linguistiquement. Il faudrait que des écrivains du monde entier s’y retrouvent pour y vivre la littérature dans leur langue et entre les langues. La mondialisation, qui pourrait favoriser ces conditions, rend la réunion de ces quatre critères – économique, social, imaginaire et linguistique – impossible en réalité. La concentration économique extrême, qui touche aussi les grands groupes éditoriaux, la dispersion des centres, fait de la notion même de capitale mondiale une idée obsolète. Que devient-elle alors ? Va-t-on encore dans une ville pour des raisons littéraires ? Comment se croisent le réel et l’imaginaire de la littérature dans un même lieu, dans un lieu unique ? J’aimerais répondre à ces questions en racontant brièvement l’histoire d’une idée et en montrant comment l’imaginaire « géolittéraire » supplée la disparition de toute capitale mondiale littéraire en promouvant d’autres lieux, liés à d’autres histoires et ouvrant à d’autres imaginaires.