27 novembre 2023
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1246-8185
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2108-6354
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/embargoedAccess
Anthony Saber, « Typologie des mémoires et historicité discursive au sein des domaines spécialisés », ASp, ID : 10.4000/asp.8563
La présente étude postule que la forte corrélation entre les contextes domaniaux (droit, médecine, science, etc.) et les marques caractéristiques de leurs productions verbales est principalement due à des phénomènes mémoriels. Partant, nous soutenons que l’anglais de spécialité gagnerait à opérer un rapprochement avec les cadres de pensée de l’École française d’analyse du discours, dont les travaux ont souvent exploité l’idée d’une historicité discursive, d’un « avant » qui influence les comportements langagiers. Au sein des domaines spécialisés, nous établissons que les mécanismes d’interface et d’intrication qui président à une spécialisation de la langue et des acteurs reposent sur six types de mémoire collective : (1) une mémoire-culture, contribuant à la cohésion du groupe ; (2) une mémoire identitaire, contribuant à tracer la frontière entre insiders et outsiders du domaine ; (3) une mémoire autoréférentielle, riche de récits de fondation ; (4) une mémoire des apprentissages, qui suscite des rémanences procédurales propices à la bonne exécution des actions du domaine ; (5) une mémoire de l’expérience, tirant les leçons d’épisodes passés en vue de l’amélioration des pratiques ; (6) et enfin une mémoire praxéologique, qui prononce des jugements axiologiques sur les pratiques recommandées et déconseillées. Ces six mémoires, comportant toutes une part langagière plus ou moins prononcée, peuvent agir individuellement ou conjointement sur la praxis et le logos d’un domaine.