2 mars 2022
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Claire Schwartz, « L’acte de voir dans la « pensée aveugle » leibnizienne », Astérion, ID : 10.4000/asterion.7456
Leibniz emploie dans divers textes l’adjectif aveugle pour caractériser une forme de pensée ou de connaissance. Il est parfois associé à l’adjectif symbolique : le célèbre texte de 1684, « Meditationes de cognitione, veritate et ideis », introduit ainsi la cogitatio caeca vel symbolica comme un des types de connaissance dont le texte entreprend d’établir méthodiquement la classification. C’est généralement la nature symbolique de cette connaissance qui a retenu l’attention et a été perçue comme un élément déterminant de compréhension de la théorie leibnizienne de la connaissance reposant sur la médiation de signes soumis à des règles de composition. À l’arrière-plan se dessinent alors les divers projets leibniziens de caractéristique universelle. C’est dans ce cadre que l’on analyse dès lors la distinction leibnizienne opérée entre la connaissance aveugle ou symbolique, intrinsèquement médiate, et la connaissance intuitive, relevant d’une forme de vision immédiate de ses objets. Mais comment interpréter exactement le rapport à l’acte de vision ? N’est-il pas encore requis dans la conception leibnizienne de la connaissance par signes ? Autrement dit, cette dernière peut-elle se déployer sans l’acte effectif de voir ? Si tel est le cas, il semble qu’il faille réinterroger sa nature « aveugle », ce qui peut nous éclairer sur les conditions véritables de son effectuation, et, ipso facto, sur certaines propriétés cognitives attribuées à la vue.