2 mars 2022
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Jérôme Dokic, « L’expérience visuelle est-elle une relation ou une représentation ? Le relationnisme et l’intentionnalisme à l’épreuve des sciences cognitives », Astérion, ID : 10.4000/asterion.7551
La conception naïve de l’expérience visuelle dépeint celle-ci comme une relation directe, primitive, entre le sujet voyant et l’objet vu. Elle repose sur une opposition entre la relation visuelle et la représentation mentale de l’objet vu dans l’imagination visuelle ou la vision des images. Le but de cet article est de suggérer que l’opposition naïve entre relation et représentation présente un intérêt philosophique et scientifique parfois sous-estimé. Deux théories philosophiques de la perception sont présentées : le relationnisme reprend l’esprit de la conception naïve en analysant l’expérience visuelle comme une relation non représentationnelle à l’objet vu, alors que l’intentionnalisme rejette la conception naïve comme inadéquate et considère que l’expérience visuelle est représentationnelle de part en part. Après avoir introduit une notion générale de « représentation » acceptable par les deux parties, nous examinons un ensemble de travaux issus des sciences cognitives et susceptibles d’arbitrer le débat entre relationnisme et intentionnalisme. La thèse principale défendue est que le relationnisme est compatible avec les données scientifiques à notre disposition sur les processus cognitifs liés à la vision. Le relationnisme présente également un avantage philosophique puisqu’il permet de comprendre comment les représentations mentales, y compris visuelles, peuvent être fondées sur un rapport cognitif plus direct, c’est-à-dire intrinsèquement relationnel, au monde visible.