13 décembre 2022
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Evald Ilyenkov, « L’idéel », Astérion, ID : 10.4000/asterion.8825
Les tendances à la dématérialisation observables dans le capitalisme à partir des années 1960, de l’économie politique (le travail immatériel) aux pratiques artistiques (l’art conceptuel), ont suscité des tentatives pour repenser le matérialisme. Elles s’articulent autour de la recherche d’un matérialisme capable de rendre compte des rapports symbiotiques entre les objets matériels et leurs idéalisations. Les courants récents du tournant matériel, le réalisme agentiel de Barad par exemple, pourraient être lus comme une réponse à ce défi. Pourtant, l’absence notable de Marx dans ces théories crée un angle mort considérable. L’idéel (1962) du philosophe soviétique Evald Ilyenkov offre une perspective dialectique de ces problèmes en revenant à l’interprétation de Marx de ce concept en tant que forme de pratique sociale. En soulignant l’objectivité des formes idéelles contre leurs notions individualistes comme projections mentales, ou positivistes qui les réduisent à la structure neuronale du cerveau, Ilyenkov pose la nature irréductiblement sociale de la connaissance. Par une analyse des perceptions sensorielles, qui sont comprises comme possédant une histoire sociale, Ilyenkov ouvre la question de la convergence des paramètres idéels et matériels dans une société communiste. Le programme politique qui sous-tend son projet pourrait être défini comme une lutte pour des formes culturelles qui ne s’opposent pas au sujet comme étranger et hostile, mais devient sa fonction directe.