La Bosnie-Herzégovine post-conflit. État(s) redistributeur(s)

Fiche du document

Date

8 février 2013

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Balkanologie

Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1279-7952

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1965-0582

Organisation

OpenEdition

Licences

All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess



Citer ce document

Hugues Sachter, « La Bosnie-Herzégovine post-conflit. État(s) redistributeur(s) », Balkanologie, ID : 10.4000/balkanologie.2354


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Dix sept ans après la sortie de conflit, alors que les dispositions consécutives aux accords de Dayton ont pacifié le pays par une décentralisation territoriale étendue, y compris en matière économique, la Bosnie Herzégovine a rattrapé son niveau de développement économique relatif du début des années 1990, ce qui la place néanmoins tout en bas de l’échelle européenne, en compagnie de la Macédoine et de l’Albanie. Au temps yougoslave, le dynamisme économique était mesuré, comparé à la pression démographique. L’émigration interne et externe évacuait une part des personnes qui seraient autrement restées sans emploi. On constate que la désindustrialisation postérieure à 1992 a surtout touché des activités politiques comme les armements, autrefois liés au non alignement, laissant en place des activités fondées historiquement sur les ressources naturelles, tandis que la tertiarisation marchande n’a pas eu d’effet moteur, et que la décentralisation liée au régime de Dayton (entités et cantons) na en rien réduit en rien l’emploi dans l’administration. Les basses performances de l’industrie sont compensées par un Etat, souvent actionnaire, qui laisse se reconstituer un régime d’illiquidité revenant aux pratiques socialistes de contrainte budgétaire molle, et ce malgré une législation alignée sur les standards internationaux, un régime monétaire strictement contrôlé et un monitoring international sévère sur les budgets.De fait, l’apparente récupération économique repose sur le cumul des chocs démographiques : la baisse de population répartit la richesse produite sur moins de têtes, et l’émigration solvabilise les populations (par les remises), mais aussi l’Etat (par la TVA sur les importations). Le niveau de consommation a considérablement cru par rapport au temps du régime socialiste, alors que la population au travail a diminué, et que les rémunérations sont loin de couvrir les dépenses des ménages. Il faut donc tenir compte des consommations en nature, du travail dissimulé, des remises de l’émigration, mais également de l’impact social des dépenses de l’Etat. Celui-ci contrôle assez largement les rémunérations dans les entreprises où il détient des participations, ainsi que dans le secteur non marchand, et maintient des aides sociales ciblées sur des clientèles sensibles.Or, l’État, ce sont avant tout les deux entités, Fédération de Bosnie-Herzégovine et République serbe. Les pratiques économiques publiques dans les deux entités sont très peu différenciées, et leurs performances économiques diffèrent peu. On peut donc en conclure que les Etats identitaires qui se sont constitués à la suite de Dayton se sont donné un objectif principal de redistribution. Cette dernière joue avec les règles économiques pour stabiliser l’emploi, et joue avec les sources budgétaires pour rendre solvable un large spectre de population.Fort opportunément pour les détenteurs du pouvoir, l’essence même des activités productives réside dans un patrimoine naturel. Il ne reste donc plus aux autorités qu’à rationaliser cette situation en déclarant que le pays est riche de sa nature. On retrouve alors la logique des États redistributeurs (en général dotés d’hydrocarbures ou de minerais à haute valeur). Or, fort opportunément, du côté de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, on dispose de la référence des États moyen-orientaux ou des républiques rentières d’Asie centrale, et du côté de la République serbe, de la Russie tout aussi rentière. Ce type de référence permet de satisfaire les aspirations identitaires, à rebours des idéaux du socialisme yougoslave qui voulait mettre l’enjeu productif au cœur de l’identité.

Seventeen years since the end of the war, the pacific solution for Bosnia and Herzegovina, achieved through a high level of decentralization, did not give substantial results in the field of economics. Yet the country recovered its international ranking from the time of former Yugoslavia, but still remains at the low end of the European scale, together with Macedonia, Albania (countries which didn’t suffer from war), and Kosovo. In the socialist past, development went on a measured pace, Bosnia never improved its ranking among the Republics, and the demographic pressure, though going towards demographic transition, was never met by jobs creation. Migration, mainly internal, but also international, alleviated the demographic burden.Post 1992 deindustrialization hit mostly the local “political” plants, but also the federal firms integrated in the Yugoslav military industrial complex. Eventually, most of the surviving firms are linked to the historical trend of natural resources based industrial activity. Since there has been no pull development of the tertiary sector, the public non tradable sector remains overdeveloped.The State remains a sizeable shareholder in industry, and therefore is able to bias economic constraints through practices which remind the soft budget constraints from the time of socialism, whatever be the legal, financial and monetary patterns introduced according to the international standards. Formal employment in existing firms is given priority, together with a minimal distribution of revenues.Most of the apparent improvement of macro data concerning the country is the result of a demographic shock since 1996 : the war losses and emigration, the decreasing trends in natural demography improve the currency inflows as much as they improve the per capita data. By the way, the remittances consolidate the state revenue through the VAT on imports.So, the paradox is that the level of consumption has been going better and better since 1996, contrary to the productive trends. We must then take in consideration other sources of revenue, beginning with the afore mentioned remittances, the generalized ownership of housing, an adverse trend towards urbanization linked with natural forms of consumption, moonlighting, But the distributive expenses of the State play an important role towards sensible sectors of population, absorbing the main part of the public budgets.In the Bosnian case, State means before all the ethnic entities, and subsidiarily the Districts in the Federation of Bosna and Herzegovina. When we come to consider that so much alleged difference gives way to such a similarity in the development pattern, and in the State’s economic commitment, we can induce that the main function of the entities is a protective one, by ways of the repartition of the revenue in order to keep the citizens support.The main productive activities relying on natural resources, everybody is induced to believe that the country can live from nature, as a collective heritage. This conception seeks its references among the rentier States, mostly oil and gas productors, whose population is largely subsidized from the trading of the natural resources. Of course, Bosnia and Herzegovina is far from these references, but it happens that the Federation can refer to the Middle Eastern or Central Asian states, and the Serb republic can peep towards Russia, another oil rentier state.So, identity aspirations can be fulfilled, in an adverse trend towards both the international expectations for an insertion in the dynamics of international development, and the former tasks of socialism which fixed economic development through productive activity as the main cement of national identity.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en