24 novembre 2016
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Nejmeddine Hentati, « Le pluralisme judiciaire en Occident musulman médiéval et la place du cadi dans l’organisation judiciaire », Bulletin d’études orientales, ID : 10.4000/beo.3226
: En commentant la relation entre le cadi et le prince, M. Gaudefroy-Demombynes estime que « l’indépendance du cadi est une vue théorique qui ne résiste pas aux réalités ». L’objet de cet article est de réexaminer cette thèse en considérant la question du pluralisme judiciaire en Occident musulman médiéval. Dans une première partie, nous passons en revue les aspects de ce pluralisme d’après les sources juridiques mālikites et quelques recherches récentes. Le dénombrement des juridictions, ainsi que l’énonciation de leurs différentes attributions, varient d’une source à l’autre. Dans une seconde partie, nous analysons la place du cadi dans cet ensemble complexe de juridictions, la nature de sa relation avec les différentes institutions qui peuvent menacer son autorité, l’évolution de cette dernière, et les mesures prises par les juristes mālikites en vue de la renforcer. Sans tomber dans l’exagération de M. Gaudefroy-Demombynes, qui voit dans le cadi un subordonné inconditionnel du souverain, il apparaît que les cadis de l’Occident musulman médiéval parvinrent à frayer leur chemin, non sans difficultés, et à s’affirmer. Ce phénomène eut lieu tout particulièrement en Ifrīqiya à l’époque aġlabide, au Maroc et en al‑Andalus sous les Almoravides. Sous les Ḥafṣides, en revanche, le cadi d’Ifrīqiya s’affaiblit, avec l’apparition de cadis aux compétences limitées et l’affirmation progressive du rôle du mufti.