28 novembre 2019
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Yves Raibaud, « Music and territory from a geographical vantage », CNRS Éditions, ID : 10.4000/books.editionscnrs.24853
Lorsqu’une géographe s’invite à des débats généralement investis par d’autres sciences humaines et sociales, on lui demande souvent : « Que vient faire la géographie dans cette affaire? ». Elle doit alors se justifier en rappelant que la géographie n’est pas une simple description de la terre, mais une science sociale à part entière, traitant de l’espace des sociétés, de la position des hommes dans le monde et des représentations qu’ils s’en font. Prenons l’exemple de l’association musique et territoire : le géographe peut appréhender le son et l’environnement sonore comme une source d’information sur l’espace, envisager la musique et les pratiques musicales comme des indicateurs de l’organisation des lieux, les politiques musicales comme une façon de gouverner, etc. Cela lui permettra de construire une connaissance plus fine des territoires en l’aidant à comprendre la manière dont les hommes et les femmes se les approprient et comment ils les transforment.Dans cet article je résumerai les différentes étapes de construction d’une « géographie de la musique » telle qu’elle s’est développée en France depuis 2006 grâce à un réseau de « musiciens-chercheurs » de toutes disciplines (géographie, ethnologie, sociologie, sciences de la communication, études anglo-saxonnes) mobilisés autour des rapports entre musique et territoire. Ensuite, je proposerai quelques outils d’analyse permettant d’envisager le couple « musique/espace » comme un objet géographique. L’objectif consiste certes à définir ce qui fait la spécificité de la géographie dans l’étude des phénomènes musicaux, mais aussi d’apporter un point de vue complémentaire à celui des sciences humaines et sociales en faisant apparaître en premier la dimension spatiale de la musique.