L’histoire face au présent perpétuel. Quelques remarques sur la relation passé/futur

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26 juin 2020

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Jérôme Baschet, « L’histoire face au présent perpétuel. Quelques remarques sur la relation passé/futur », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.13887


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Afin de s’interroger sur l’articulation des temps historiques, on part des outils proposés par Reinhart Koselleck. Aux trois configurations du rapport entre champ d’expérience et horizon d’attente qu’il repère dans l’histoire occidentale, on propose d’ajouter deux étapes supplémentaires. On revient préalablement sur la relation passé/présent, à travers la brève évocation d’une expérience comparative par laquelle un historien médiéviste se trouve immergé dans les réalités contemporaines du Sud-Est mexicain, où se manifestent d’étranges déphasages temporels et où persistent des formes d’organisation communautaire traditionnelles. Il s’agit cependant d’un monde au présent, et c’est en s’appuyant sur l’analyse des textes produits par le mouvement zapatiste depuis 1994 que l’on propose de définir la configuration contemporaine des temps historiques comme domination d’un présent perpétuel, dont le poids tend à réduire aussi bien notre champ d’expérience que notre horizon d’attente. Enfin, en se référant aux mêmes expériences, on s’efforce de dessiner l’horizon d’un dépassement – ou du moins d’une critique – de cette domination du présent perpétuel. À la confluence de la culture indigène et d’une double critique de la vulgate marxiste et du présent néolibéral, les textes zapatistes offrent en effet quelques ressources pour penser une récupération conjointe du passé et du futur, articulés en des figures inédites ou du moins interdites tant par la linéarité progressiste de la modernité que par la décomposition d’inspiration postmoderne. Passé et futur se répondent et peuvent se mêler en une imprévisible discordance des temps, contribuant à la réaffirmation d’une pensée résolument historique, indispensable pour restaurer d’un même mouvement un espace d’expérience et un horizon d’attente ouvert.

The links between historical times are reconsidered on the basis of the concepts proposed by Reinhart Koselleck. To the three arrangements between the field of experience and the forms of expectations which he locates in Western history, we propose to add two supplementary stages. Before proceeding, the relationship between past/present is recalled through a comparative experience which submerged a medievalist in the contemporary realities of South-East Mexico. Despite curious worldly disorientations and persistent traditional forms of community organisation, this is really the current world. Relying on analyses of texts produced by the Zapatist movement since 1994, the actual form of historical times is defined as the domination of a permanent present whose weight reduces our field of experience as well as our forms of expectations. Finally, referring to the same experiences, we outline the forms of transcending or at least criticizing this domination. In fact, the Zapatist texts which are at the meeting point of native culture and a twin criticism of vulgate Marxism and a neoliberal present offer some resource to conceive a related recovery of the past and the future set forth in new features or at least censured both by the progressive linearity of modernity and post-modern inspired decomposition. Past and future communicate and can come together in an unpredictable discrepancy of times. They thus contribute to the reassertion of a firmly historical thought, indispensable to restore a space of experience and an open form of expectation in a single move.

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