9 septembre 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Annie Montaut, « Les monstres d’Ananda Devi. Radioscopie de la folie ou manifeste du dire poétique ? », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.22912
De La Vie de Joséphin le fou au Sari vert, Ananda Devi a exploré le monstre en se mettant dans la voix masculine. Ces deux assassins, l’un extra-ordinaire, l’autre hyper-ordinaire, sont aussi des figures de discours puisqu’ils détiennent à eux seuls l’entier de la parole narrative dans les deux romans : deux monologues saturés de désir, de rage et d’impuissance, l’un plus lyrique, l’autre plus cynique, l’un primaire et ancré dans la sensation, l’autre intellectuel et cousu de réflexion. Derrière cette logorrhée, trouée par des blancs qui pointent sur l’interdit qui les fonde en violence car il s’agit de deux rejetés, la critique de la société normée et le lyrisme de la grâce « absolue » entretiennent en filigrane une relation discrète mais puissante avec le sens magique de Malcolm de Chazal, et son monde enchanté, l’île Maurice.