18 mai 2020
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/restrictedAccess
Claude Markovits, « Turning Mazzini on his Head », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.23301
Dans cet article, on examine la manière dont Gandhi, dans Hind Swaraj (1909), son seul ouvrage « théorique », utilise la figure de Giuseppe Mazzini, le patriote italien devenu une icône pour les nationalistes indiens, afin de mettre en avant sa propre vision de l’émancipation de l’Inde. Dans un passage crucial du livre, Gandhi souligne le contraste entre les vues de Mazzini, dont il fait un précurseur de la non-violence (ce qu’il n’était pas), et celles de l’autre icône du Risorgimento, Giuseppe Garibaldi, dont il fait l’ancêtre des révolutionnaires indiens partisans de la violence, représentés par V.D. Savarkar, l’inspirateur de l’assassinat récent à Londres d’un haut fonctionnaire britannique par un étudiant indien. De manière apparemment paradoxale, Gandhi utilise aussi Mazzini pour produire une critique dévastatrice du Risorgimento lui-même dont il fait un mouvement de libération avorté. Il plaide pour que l’Inde trouve sa propre voie d’émancipation fondée sur une rupture totale avec la civilisation industrielle de l’Occident.