9 septembre 2022
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Gérard Colas, « Cultes et courants du vishnuisme en Inde du Sud », Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, ID : 10.4000/books.editionsehess.25623
Cet article vise à examiner, surtout à travers les traditions textuelles, comment différents types de courants religieux vishnuites, écoles védiques et âgamiques, sectes du Viśiṣṭādvaita, se sont organisés et articulés les uns sur les autres en Inde du Sud. Il met en œuvre principalement deux paramètres : le culte de l’image et la qualification du praticien du culte.Plusieurs textes védiques tardifs prescrivent le culte de l’image. Le Vaikhānasasmārtasūtra, en particulier, semble distinguer qualification pour le culte de Viṣṇu et professionnalisation pour celui de Bhadrakālī. Quant aux écoles âgamiques pāñcarātra et vaikhānasa, elles diffèrent l’une de l’autre dans leur constitution socio-religieuse. Selon certains textes, la première est adoptée par des gens d’écoles védiques diverses. La seconde, vaikhānasa, est entée sur l’école védique du même nom ; elle est réservée aux adhérents de cette śākhā. Le terme de « secte » ne peut s’appliquer de façon assez sûre qu’aux deux courants tenkaḷai et vaṭakaḷai du Viśiṣṭādvaita tardif, mais avec des nuances.Les Vaikhānasa forment aujourd’hui un groupe qui a les caractères d’une caste endogame, sans qu’on puisse dater précisément quand ils les acquérirent. À époque moderne, ils s’efforcèrent de créer un darśana védantique qui leur fût propre et de s’imposer, semble-t-il, comme une troisième voie sectaire, différente des tenkaḷai et vaṭakaḷai – deux tentatives infructueuses. Aujourd’hui, la personnalité rituelle même du desservant de temple vaikhānasa reflète l’évolution de sa tradition : ce prêtre qui a reçu des sacrements védiques officie selon les rites de son école âgamique et adopte les emblèmes sectaires tenkaḷai ou vaṭakaḷai lorsqu’il rend le culte dans un sanctuaire public de Viṣṇu.