Chapitre 5. Étude historique

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14 février 2023

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Anne Colin, « Chapitre 5. Étude historique », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, ID : 10.4000/books.editionsmsh.44673


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La cartographie des habitats de ces cinq phases (sont sélectionnés à cet effet les habitats pour lesquels sont attestés au moins une activité artisanale spécialisée et/ou les traces d’un commerce actif) montre en effet non seulement l’ampleur de la diffusion des oppida, mais aussi les contrastes qui opposent certaines régions. La phase 1 comprend presque essentiellement des sites ouverts, confirmant ainsi que les caractères de La Tène finale s’affirment d’abord dans les habitats non fortifiés ; ils sont nettement plus nombreux au sud de la Loire et dans le centre‑est que dans le nord de la Gaule. À la phase 2 apparaissent les premiers oppida, ainsi que de nouveaux villages ouverts. Les phases 3 et 4 représentent l’apogée du phénomène, alors qu’un certain nombre de villages ouverts disparaissent. À partir de la phase 5 le réseau des oppida commence à se désagréger. La Gaule se démarque ainsi quelque peu du reste du monde celtique par l’apparition tardive des oppida (hormis quelques cas pouvant remonter à la phase 1, l’immense majorité des oppida en Gaule n’apparaît pas avant la phase 2 : fin du iie s. – début du ier s. av. J.‑C.), par leur longévité, ainsi que par l’importance de ces villages ouverts dans le réseau d’habitat des zones les plus « urbanisées ». Les cinq phases sont toutes représentées dans le centre et le Centre‑Est ainsi que dans une certaine mesure dans le Sud‑Ouest ; on y rencontre aussi bien de gros villages ouverts à vocation artisanale et commerciale que des sites fortifiés. Sur le plan monétaire, cette vaste zone se caractérise par un alignement progressif des monnaies d’argent sur l’étalon du denier romain, qui commence à se mettre en place bien avant la conquête de la Gaule. Elle reçoit des importations variées et nombreuses, au moins dès le début de la phase 2. C’est aussi dans cette zone que César décrit l’organisation administrative et les institutions politiques les plus développées. Contrastant avec cette image de territoires largement et précocement tournés vers le Bassin méditerranéen, la Gaule Belgique occidentale et surtout l’ouest de la Gaule se caractérisent par la quasi‑absence de grands villages ouverts au moins jusqu’à la phase 3, une existence éphémère des oppida, la rareté des céramiques d’importation dont l’apparition est d’ailleurs tardive, et un monnayage aligné sur l’étalon du statère au moins jusqu’à la Conquête. L’évolution des habitats n’est donc ni synchrone ni homogène d’un point à l’autre de la Gaule, et la grande diversité de situations témoigne de degrés de développement économique et politique différents. Bien que l’on retrouve les traces de productions artisanales variées et des importations en grand nombre dans les oppida comme dans les villages ouverts, leur création ne peut pas être considérée comme une simple extension de celle des grands villages ouverts. La fonction défensive n’en est pas non plus le mobile essentiel. Ils sont en réalité le produit d’un système politique et économique centralisé dont l’origine est liée à la constitution des cités, et dans lequel ils jouent le rôle de place centrale où s’exercent certaines fonctions urbaines ; ce rôle s’incarne sous une forme traditionnelle, celle d’un habitat fortifié (généralement) de hauteur, expression privilégiée de la puissance du groupe social pour les populations protohistoriques. L’origine des transformations socio‑économiques qui aboutissent à la création des oppida reste encore obscure. Elle suppose en tout cas un contexte de croissance économique dans lequel l’amélioration de la production agricole a permis le développement de l’artisanat et du commerce. Les contacts avec le monde méditerranéen jouent un rôle complexe dans cette mutation : la pénétration en Gaule, pendant la phase 1, de marchandises et de numéraire méditerranéens (oboles marseillaises) ne coïncide pas avec un mouvement général de création des oppida, mouvement pourtant déjà bien engagé dans le reste du monde celtique ; toutefois, l’ouverture précoce au monde méditerranéen a pu influencer, dans certaines régions (le Centre et le Centre‑Est, le Sud‑Ouest), les modalités du processus d’urbanisation en favorisant le développement des habitats non fortifiés. L’analyse régionale de ce processus montre en tout cas qu’il emprunte des voies diverses et progresse à des rythmes différents selon les territoires. La conquête de la Gaule n’a pas contrecarré le développement des oppida ; bien au contraire, la plupart d’entre eux jouissent, dans la deuxième moitié du ier s. av. J.‑C., d’une grande prospérité. Ce n’est que dans le dernier quart de ce siècle, qui coïncide avec la réforme administrative d’Auguste, la création des premières villes et la construction des premières routes romaines, que cet équilibre commence à se rompre : alors qu’un grand nombre d’oppida disparaissent à la fin de la phase 5, sans doute victimes pour une part de leur relatif éloignement des voies de communication, les sites ouverts de plaine se perpétuent presque tous à l’époque gallo‑romaine, avec parfois un léger déplacement de l’occupation.

Mapping the settlements belonging to the 5 phases (all the selected sites had evidence of at least one specialised craft activity and/or a commercial role) highlights not only how widely oppida were distributed but also reveals contrasts between certain regions. The sites of Phase 1 were almost entirely open settlements, confirming that the characteristics of La Tène Finale first gained hold in unfortified settlements; such sites are markedly more numerous south of the Loire and in east‑central France than in the north. In Phase 2, the first oppida appear, as well as new undefended villages. Phases 3 and 4 represent the peak of the phenomenon, although some open villages disappear. From Phase 5 onward, the oppida dominated system starts to break up. Gaul is thus distinguished somewhat from the rest of the Celtic world by the late appearance of its oppida (apart from a few examples which may date back to Phase 1, the vast majority of Gaulish oppida do not appear before Phase 2: the end of the second/start of the first century BC) and by their longevity, as well as by the importance of open villages in the settlement pattern of the most « urbanised » zones. All five phases are represented in central and east‑central France as well as to some extent in the south‑west; there, as many large open villages specialising in artisanal and commercial activities are found as fortified sites. Monetary developments in this enormous zone are characterised by a progressive alignment of its silver coinages on the weight standard of the Roman denarius, starting well before the Conquest. This zone was in receipt of numerous and varied imports, at least from the beginning of Phase 2. This is also the zone where Caesar describes the most highly developed administrative organisation and political institutions. In contrast to this image of a region which looked towards the Mediterranean from an early date, western Belgic Gaul and above all western Gaul are characterised by a near total absence of large open villages until at least Phase 3, by the short‑lived existence of its oppida, by the rarity of imported pottery‑which moreover only appears at a late date‑and by the continued existence of a monetary system based on the stater standard until at least the Conquest. Settlement evolution is thus neither synchronous nor homogenous from one part of Gaul to another, and the variability of the evidence testifies to differing degrees of economic and political development from place to place. Although the oppida ‑like the open settlements–yield evidence for varied craft activities together with large numbers of imports, their creation cannot be considered a simple progression from the large open villages. Nor can their defensive function any longer be considered the prime mover. In reality, the oppida were the product of a centralised political and economic system, the origins of which are interwoven with the emergence of the civitas, in which they played the role of central places, exercising a range of urban functions. This role was embodied in a traditional form, generally that of the hilltop fortification, the distinctive means of expressing the power of the social group among protohistoric peoples. The origin of the socio‑economic transformations which culminated in the creation of oppida remains obscure. It pre‑supposes in any case a climate of economic growth in which increased agricultural production permitted the development of craft specialisation and commerce. Contacts with the Mediterranean world played a complex role in this process of change. The penetration into Gaul, during Phase 1, of both Mediterranean goods and coinage (Massiliote obols) does not coincide with a general move towards the establishment of oppida –a process already well under way in the rest of Celtic world‑yet the early opening up of the Mediterranean world may well have influenced the process of urbanisation by favouring the development of unfortified settlements in certain regions (central, east‑central and south‑western France). Analysis by region shows in any case that this process takes diverse paths and progresses at different rates in different places. The Roman conquest of Gaul did not thwart the development of oppida; on the contrary, most of them enjoyed considerable prosperity during the second half of the first century BC. Only in the last quarter of the century, coinciding with the administrative reforms of Augustus, the creation of the first towns and the construction of the first Roman roads, was this equilibrium upset: whilst many oppida disappear at the end of phase 5, no doubt partly due to their distance from routes of communication, almost all of the lowland open settlements continue into the Gallo‑Roman period, sometimes with a slight shift in the focus of occupation.

Die kartographische Verteilung der Siedlungen dieser fünf Phasen zeigt nicht nur die weitgestreute Verbreitung der Oppida, sondern auch die Unterschiede zwischen bestimmten Regionen (es wurden hierfür nur diejenigen Siedlungen ausgewählt, für die mindestens eine handwerkliche Spezialisierung und/oder Spuren intensiven Handels festgestellt werden konnte). Die Phase 1 kennt fast ausschliesslich offene Siedlungsplätze. Das bestätigt, dass sich die Charakteristika der späten Latènezeit zuerst in den nicht befestigten Siedlungen behaupten. Sie sind deutlich zahlreicher südlich der Loire und im östlichen Zentrum als im Norden Galliens. Mit der Phase 2 tauchen die ersten Oppida auf, sowie auch neue offene Siedlungen. In den Phasen 3 und 4 liegt der Höhepunkt dieser Entwicklung, wohingegen eine gewisse Anzahl offener Siedlungen verschwindet. Ab der Phase 5 beginnt das Netz der Oppida zu zerfallen. Gallien unterscheidet sich dadurch etwas von den anderen keltischen Gebieten, dass die Oppida spät auftauchen (ausser einiger Ausnahmen die in die Phase 1 hinaufreichen können, bildet sich die Mehrzahl der Oppida in Gallien nicht vor der Phase 2, d.h. am Ende des 2. / Anfang des 1. Jh. v. Chr.), durch ihre Langlebigkeit, wie auch durch das Gewicht, das offene Siedlungsplätze im Gefüge der am dichtesten urbanisierten Gebiete haben. Die fünf Phasen sind alle in Zentralfrankreich und im östlichen Zentrum vertreten, in gewisser Weise auch im Sud‑Osten. Es finden sich dort ebensogut grosse offene Siedlungen mit bedeutender Handwerksproduktion und Handelstätigkeit, wie auch befestigte Orte. In numismatischer Hinsicht ist dieses ausgedehnte Gebiet von einem langsamen Angleichen der Silbermünzen an den Münzstandard des römischen Denars schon lange vor der Eroberung Galliens geprägt. Das Gebiet erhält spätestens seit Beginn der Phase 2 vielfältigen und reichhaltigen Import. Cäsar bemerkt eben für dieses Gebiet auch die sehr stark entwickelte Organisation der Verwaltung und der politischen Organe. Im Gegensatz zu diesen, schon sehr früh und eng mit dem Mittelmeerbecken verbundenen Gebiet, ist der Westen der Gallia Belgica und besonders der Westen Galliens von einem fast vollständigen Fehlen grosser offener Siedlungen mindestens bis in die Phase 3 geprägt, ebenso wie von einer kurzen Existenz der Oppida, von der Seltenheit an Importkeramik, die im übrigen sehr spät aufkommt, und von einem Münzstandard der mindestens bis zur Eroberung auf dem Stater fusst. Die Entwicklung der Siedlungsplätze in Gallien ist folglich weder zeitgleich noch homogen und die ausgeprägten Situationsunterschiede zeugen von verschiedenen Stufen wirtschaftlicher und politischer Entwicklung. Auch wenn Spuren unterschiedlicher handwerklicher Produktion und eine hohe Anzahl von Importen in den Oppida und den offenen Siedlungen vorhanden sind, kann ihre Entstehung nicht als einfache Ausweitung der Gründungswelle grosser offener Dörfer gesehen werden. Die Verteidigungsfunktion ist auch nicht der Hauptbewegungsgrund für ihre Entstehung. Die Oppida sind in Wirklichkeit das Produkt eines politischen und ökonomisch zentralisierten Systems, dessen Ursprung in der Bildung der Siedlungen liegt, innerhalb derer sie eine Rolle als Zentralplatz einnehmen, an dem bestimmte städtische Funktionen ausgeübt werden. Diese Rolle drückt sich in traditioneller Form in Gestalt einer befestigten Siedlung, die in der Regel auf einer Anhöhe liegt, aus. In protohistorischer Gesellschaft ist dies die bevorzugte Ausdrucksform der Stärke einer sozialen Gruppe. Die Gründe der sozio‑ökonomischen Veränderungen, die zur Bildung der Oppida führen, liegen noch im Dunkeln. Es bleibt jedoch davon auszugehen, dass das wirtschaftliche Wachstum im Zusammenhang mit einer Verbesserung der Agrarproduktion die Entwicklung von Handwerk und Handel zuliess. Die Verbindungen mit dem Mittelmeerraum spielen eine vielseitige Rolle in diesem Wandel. Das Einführen in Gallien, während der Phase 1, von Waren und Münzen mittelmeerischen Ursprungs (Obolen aus Marseille) steht nicht in Zusammenhang mit der allgemeinen Welle von Oppida gründungen. Diese Bewegung ist nämlich im Rest des keltischen Kulturbereiches schon weit fortgeschritten. Die vorzeitige Öffnung auf das Mittelmeer hat jedoch in manchen Gebieten (Zentrum, zentraler Osten, Südwestfrankreich) die Modalitäten des Verstädterungsprozesses beeinflussen können, indem die Gründung nicht befestigter Siedlungen begünstigt wurde. Die nach Regionen aufgeteilte Analyse zeigt auf alle Fälle, dass dieser Prozess in den verschiedenen Gebieten unterschiedliche Wege geht und in wechselnden Rhythmen voranschreitet. Die Eroberung Galliens hat der Entwicklung der Oppida nicht entgegengewirkt, im Gegenteil; die Mehrzahl unter ihnen erfreuen sich in der zweiten Hälfte des 1. Jh. einer Zeit bedeutenden Reichtums. Erst im letzten Viertel dieses Jahrhunderts, in dem die augusteische Reform mit ersten Städtegründungen und der Erbauung römischer Strassen durchgeführt wird, beginnt dieses Gleichgewicht zu kippen. Eine grosse Zahl der Oppida verschwindet am Ende der Phase 5, ohne Zweifel aufgrund ihrer verhältnismässig weiten Entfernung zu den Hauptkommunikationswegen. Die offenen Siedlungen bleiben dahingegen fast alle während der gallo‑römischen Epoche bestehen, manchmal unter der Bedingung einer geringfügigen Ortsverlagerung.

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