Chapitre 10. L’enceinte et le territoire

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Pour comprendre les modalités de l’implantation de la résidence, l’étude a été élargie à son contexte local et régional. Un premier territoire de 10 km2 a fait l’objet d’un relevé lidar [fig. 301]. Celui-ci a fait apparaître une série de sites, complétant ceux qui étaient déjà connus aux alentours. De nombreux tumuli [fig. 302], répartis le long de la grande voie est-ouest [fig. 307] et de sa perpendiculaire nord-sud, sont attribués à l’âge du Bronze. Ils côtoient cinq enclos quadrangulaires de 70-80 m de côté [fig. 303] qui sont semblables à certains habitats du second âge du Fer étudiés dans la région [fig. 304]. Aucun habitat antique cependant, mais on note que c’est aux sources de St-Symphorien que le seul aqueduc romain de Bretagne vient capter son eau. Au viie s., une puissante résidence élitaire s’installe juste au nord, à Bressilien [fig. 305]. Elle est entourée de nombreux enclos curvilignes attribués au haut Moyen Âge d’après ceux qui ont été fouillés dans la région. L’un d’eux abritait un atelier de sidérurgie [fig. 301 : 15]. Une petite motte castrale s’implantera ensuite sur cet atelier, le long de la voie, et une autre plus imposante à quelques kilomètres plus à l’ouest [fig. 306]. Sont apparus également plusieurs sites d’exploitation minière [fig. 308]. L’étude archéologique a pu bénéficier des résultats obtenus par le BRGM dans sa propre recherche [fig. 309] : la présence d’or alluvionnaire est récurrente, et une vingtaine de gisements aurifères ont été repérés au nord du bassin de Châteaulin ; au sud, ils sont moins nombreux mais les tests géochimiques ont été positifs à quatre reprises autour de Saint-Symphorien. Dater ces mines est difficile en l’absence de fouilles ; une partie devait être active aux phases 4 et 5 de Paule, d’après les indices recueillis sur le site.Le rayonnement de la résidence devait excéder 10 km2. Un deuxième territoire a donc été défini et étudié en prospection aérienne et terrestre en parallèle des fouilles : le « Centre Bretagne ». Une cartographie des sites attribués à l’âge du Fer d’après leur morphologie ou les objets qui y ont été découverts en a été tirée [fig. 310]. Elle recense 150 habitats enclos comparables à ceux des phases 1 et 2 de Paule [fig. 311]. Certains, d’après leur forme ou la présence d’enclos funéraires, doivent être contemporains de la phase 1 [fig. 312]. Un travail est en cours sur les autres enclos, qui ont été édifiés en grand nombre entre le iiie et le ier s. av. J.-C. Ils sont plus difficiles à caractériser car leur typologie est variée. Le fait que les données de fouille soient peu nombreuses sur le Centre Bretagne oblige à étendre l’examen de ce point à toute la région [fig. 313]. On constate ainsi que durant les trois derniers siècles avant notre ère, le plan des habitats enclos est le plus souvent quadrangulaire, avec un superficie parfois voisine de celle de la phase 2 de Paule. Tout change à la phase 3, lorsque le site est protégé par une clôture monumentale : seules six enceintes quadrangulaires délimitées par des remparts d’une hauteur supérieure à 2,50 m [fig. 314] sont connues en Centre Bretagne. Les seules fouillées jusqu’ici, Paule et Trégueux, ont été édifiées aux iiie et iie s. av. J.-C. Celle de Paule n’est pas la plus vaste ni la plus imposante. Le rempart de Saint-Nicolas-du-Pélem mesure encore 4 m de haut, et deux remparts concentriques délimitaient Plonévez-du-Faou. L’enceinte de contour édifiée à Paule lors de sa phase 4 est encore plus rare. La seule identifiée est celle de Huelgoat / Le Camp d’Artus dans le Finistère [fig. 315]. Daté des iie et ier s. av. J.-C., trois fois plus vaste que Paule, le site est considéré comme l’agglomération majeure de la cité des Osismes. Par ailleurs, la répartition des enceintes quadrangulaires et de contour montre que, pour la plupart, elles sont positionnées près de voies antérieures à la fondation de Carhaix-Vorgium. On peut donc penser qu’elles avaient pour fonction le contrôle et l’entretien du réseau viaire [fig. 316].Deux cités occupaient autrefois la partie occidentale de la péninsule Armoricaine : celle des Osismes et celle des Vénètes. Sur ce vaste territoire, 72 enceintes sont datées de l’âge du Fer : 42 sont des barrages d’éperon de moins de 2 ha répartis le long des côtes, des rivières et des rias, et 25 des enceintes quadrangulaires assez semblables à celle de Paule [fig. 317], si l’on en juge par la fouille de Trégueux / La Porte Allain (Côtes-d’Armor) ou par les prospections effectuées sur d’autres sites [fig. 318]. Six enceintes de contour sont recensées : trois couvrent entre 2 et 6 ha et deux sortent du lot avec 30 ha : Guégon / Le Camp de Lescouët (Morbihan), peut-être capitale des Vénètes, et Huelgoat. Paule se situe à l’interface, avec 10 ha.Sa basse-cour, imperceptible avant la fouille, montre que seuls les sites dont les remparts périphériques ne sont pas arasés sont connus. Les recherches engagées sur les enceintes quadrangulaires les plus petites (

To understand the residence installation modalities, the study was enlarged to include its local and regional context. A first region of 10 km2 was Lidar-mapped [fig. 301]. This recording revealed a set of sites completing those already known in the area. Many tumuli [fig. 302], distributed along the large east-west road [fig. 307] and its perpendicular north-south road, are attributed to the Bronze Age. They are close to five quadrangular enclosures measuring 70-80 m per side [fig. 303], which are similar to some settlements of the Second Iron Age studied in the region [fig. 304]. No Antique settlement was detected but we observe that the only Roman aqueduct in Brittany collects its water at the Saint-Symphorien springs. In the 7th c., a large elite residence was installed just to the north, at Bressilien [fig. 305]. This residence is surrounded by numerous curved enclosures attributed to the Middle Ages, according to those that have been excavated in the area. One of these residences included a metallurgy workshop [fig. 301: 15]. A motte-and-bailey castle would later be built on this workshop, along the road, and another larger one a few kilometers further west [fig. 306]. A few mining exploitations also emerged [fig. 308]. The archaeological research was aided by the results obtained by the BRGM in the context of their own research [fig. 309]: the presence of alluvial gold is recurrent, and around twenty gold bearing sources have been recorded to the north of the Châteaulin basin; to the south, they are less numerous but the geochemical tests were positive four times near Saint-Symphorien. Though it is difficult to date these mines without archaeological excavation, some of them must have been active during phases 4 and 5 at Paule, according to the evidence obtained at the site.The influence of the residence must have extended beyond 10 km2, and a second region was thus defined and studied via aerial and land surveying in parallel with excavations: the “Centre Bretagne.” The sites attributed to the Iron Age based on their morphology or the artifacts they yielded were mapped [fig. 310]. These sites comprise 150 enclosed settlements similar to those of phases 1 and 2 at Paule [fig. 311]. Some of them, according to their form or the presence of funerary enclosures, must be contemporary with Phase 1 [fig. 312].A study of the other enclosures, which were built in large numbers between the 3rd and 1st c. BC, is in progress. They are more difficult to characterize due to their variable typology. The fact that excavation data are scarce in the Centre Bretagne requires us to extend our study of this point to the whole region [fig. 313]. We thus observe that during the three centuries before the modern era, the plan of enclosed settlements was most often quadrangular, with a surface area sometimes similar to that of Phase 2 at Paule. Everything changed in Phase 3 when the site was protected by a monumental enclosure: only six quadrangular enceintes, delimited by ramparts over 2.50 m high [fig. 314] are known in Centre Bretagne. The only ones currently excavated, Paule and Trégueux, were edified in the 3rd and 2nd c. BC. That of Paule is not the largest, nor the most imposing. The Saint-Nicolas-du-Pélem rampart is 4 m high, and two concentric ramparts delimited Plonévez-du-Faou. The contour enceinte built at Paule during its Phase 4 is even rarer. The only other one identified is that of Huelgoat / Le Camp d’Artus (Finistère) [fig. 315]. Dated to the 2nd and 1st c. BC and three times larger than Paule, this latter site is considered as the major agglomeration of the city of Osismii.In addition, the distribution of the quadrangular and contour enceintes show that they are most often positioned near the roads anterior to the foundation of Carhaix-Vorgium. We can thus suppose that they served to control and maintain the road system [fig. 316]. Two cities formerly occupied the western part of the Armorican peninsula: Osismii and Veneti. In this vast region, 72 enceintes are dated to the Iron Age: 42 of them are spur dams of less than 2 ha distributed along the coasts, rivers and rias, and 25 of them are quadrangular enclosures similar to that of Paule [fig. 317], if we judge by the excavation at Trégueux / La Porte Allain (Côtes-d’Armor) or the surveys of other sites [fig. 318].Six hillforts have been recorded: three cover between 2 and 6 ha and two are outliers with 30 ha: Guégon / Le Camp de Lescouët (Morbihan), perhaps the capital of the Veneti, and Huelgoat. Paule, covering 10 ha, is situated at the interface. Its farmyard, imperceptible before the excavation, shows that only the sites with peripheral ramparts have not been levelled and are known. Studies of small quadrangular enclosures (