25 janvier 2022
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Marion Lata, « Du canon au fanon », Éditions Rue d’Ulm, ID : 10.4000/books.editionsulm.4739
Cet article s’intéresse au cas particulier que représentent, du point de vue de l’autorité conférée aux textes, les fanfictions s’inspirant des œuvres du canon littéraire. Ces réécritures par des amateurs en ligne occupent en effet une place particulièrement marginale vis-à-vis de la littérature publiée, dans la mesure où elles ne sont que peu ou pas auctorialisées, leur diffusion se faisant gratuitement et sous couvert d’anonymat. Lorsque les fans choisissent de réécrire des classiques, l’écart de statut entre le texte source et sa réécriture est donc particulièrement important et engendre un certain nombre de tensions. Il s’agira d’identifier ce qui, dans la fanfiction, contraste avec le régime de sacralité propre aux œuvres littéraires du canon, et empêche que la réception de ces textes ne se fasse sous les mêmes auspices que celle des textes qu’ils réécrivent. Nous serons amenée à distinguer plusieurs « canons » au sein de l’univers fanfictionnel (canon interne, fanon), différant plus ou moins du canon littéraire consacré. C’est en effet à travers une diversification de la notion même de canon que les producteurs de fanfictions peuvent négocier pour leurs textes une légitimité seconde, se déployant à une échelle communautaire en marge des circuits littéraires institutionnels.